CR SAINTéLYON 2018 (81Km/2300mD+)

Pourquoi cette course ?

C’était quelques jours seulement après le marathon de Paris, courant avril.
Tiffany lance l’idée de participer à la Saintélyon. Un trail qui, comme son nom l’indique relie Saint-Etienne à Lyon. Sa particularité : Un départ à minuit avec la plupart du temps des conditions exigeantes au vu de la période (Le 1er Décembre)

Plusieurs parcours possibles :

  • la Saintétic : 12km
  • la SaintéSprint : 22km
  • la SaintExpress : 44km
  • la SaintéLyon : 81km / 2300m D+

 

Mon choix s’arrêtera sur cette dernière. L’envie de m’aligner un jour sur la « Diagonale des fous » n’y étant pas pour rien…


JOUR J (samedi 1er Décembre)

La première spécificité de cette course, c’est que le départ est donné en plein milieu de la nuit. Une première pour moi. Les différents ironman auxquels j’ai participé m’ont plutôt habitué à me lever tôt les jours de course (réveil entre 2h et 4h du matin)

L’approche est donc différente…
Il est 7h quand je me lève ce samedi matin.

Au programme :

  • Petit déjeuner
  • Visite des stands et retrait des dossards à « la Halle Tony Garnier » (où aura lieu l’arrivée)
  • Sieste l’après midi
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Tif, Karen, Moi, Marjo
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18h, avec Tiffany nous sautons dans la navette qui nous mènera sur la zone de départ à Saint-Etienne.

Environ 1h de route et nous voilà entassés dans un Gymnase. Plus de 4h à attendre avant que le départ de la course soit lancé.

L’attente est longue, je n’ai pas l’habitude et je ne sais pas trop comment tuer le temps…Le sommeil commence à se faire sentir. Je ne panique pas, je sais que lorsque je serai en action cette sensation de fatigue me laissera tranquille.

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La fourmilière ^^    7000 personnes ça fait beaucoup

Un dernier repas à base de Riz et de poulet 3h avant le départ. Habitué des « gâteaux sport » c’est la première fois que j’ai le temps de me faire un « vrai » repas avant une course. C’est plutôt appréciable ^^

A 22H de nombreux coureurs commencent déjà à se positionner dans les sas de départ. Avec Tiffany nous décidons de patienter encore un peu au chaud dans le gymnase car il reste tout de même un sacré bout de temps avant le départ.
Le Gymnase s’étant largement vidé. Nous décidons de sortir afin d’aller nous placer sur la ligne pour ne pas nous retrouver en queue de peloton.
Il ne fait pas très froid, aux alentours des 8 degrés et il ne pleut pas (encore).

Je décide de ne partir qu’avec deux couches par peur d’avoir chaud. Un tee-shirt technique avec des manchettes et mon coupe vent par dessus. Sans le savoir, je venais de commettre la plus grosse erreur de ma course avant même d’avoir pris le départ…

Nous sommes à peu près à 200m de la ligne de départ. Je me dis que ça va le faire, on sera surement dans la deuxième vague qui partira à 23h45 (départ d’une vague de coureurs toutes les 15 min à partir de 23h30).
Une fine pluie commence à faire son apparition. En mode : Casquette Gore-tex vissée sur la tête et armé de ma capuche. Cela reste anecdotique pour le moment.

Le premier départ sonne à 23H30 pétante. On se rend compte très vite que malheureusement nous faisons parti de la 3ème vague… C’est donc un départ à minuit qui se profile pour nous. Je n’en peux plus d’attendre (la patience n’est vraiment pas une qualité chez moi ^^)
On y est … La musique retentit, Le décompte à commencé, toutes les frontales sont allumées. On s’encourage une dernière fois avec Tif, « interdiction de ne pas aller au bout d’accord !? » Nous ferons la course chacun de notre coté, en espérant tous deux donner le meilleur de nous même.

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Départ imminent ! (sacrées têtes de vainqueurs ^^)

 

Départ – St Christo en Jarez 19ème km 

Go !!

Nous voilà en train de quitter Saint-Etienne.

Comme prévu ça part vite sur les premiers kilomètres, le profil est relativement plat. Le tout est de ne pas s’emballer pour ne pas se cramer d’entrée de jeux. Je veux quand même profiter de cette section de parcours pour me détacher du « ventre mou » de la course et ne pas me retrouver bloqué sans la possibilité de doubler lorsque l’on attaquera « les single tracks».
Pour l’instant nous progressons sur des routes bitumées assez larges. Ça tape dans tous les sens avec les chaussures de Trail. On dirait des chevaux lâchés en plein milieu de la ville ^^
La pluie ne cesse de tomber depuis 23h. Mais plus le temps passe plus elle s’intensifie. Le vent s’est lui aussi joint à la fête…

En quelques minutes je me retrouve entièrement trempé et frigorifié. Un coup d’œil à ma montre, nous sommes à peine au 10ème kilomètre et c’est officiel => JE SUIS GELÉ !
Je savais bien que cette course serait difficile, mais de là à me retrouver en difficulté aussi tôt…

Mon coupe-vent ne semble pas être étanche du tout. J’accélère le rythme en me disant que je vais peut-être réussir à me réchauffer. La pluie fouette mon visage et les gouttes viennent ruisseler le long de mon haut technique. Mais quel idiot… À part un deuxième haut technique dans mon sac je n’ai rien pour me couvrir. Je dois serrer les dents, j’essaierai de me réchauffer au premier ravito…

 

20ème Km – Sainte Catherine 32ème km

Arrivé à St Christo il est presque impossible de se frayer un chemin sous le tente de ravitaillement, je décide de ne pas m’attarder. Tant pis il faut que j’avance. Et puis, je préfère garder mon haut sec pour plus tard, la course est encore longue… Je me changerai à Sainte Catherine.

Je reprends ma course sur les chemins boueux et sinueux. Ma seule satisfaction pour l’instant et d’avoir choisi d’enfiler des chaussettes étanches pour la course. Plus nous avançons et plus le terrain devient glissant. Il est fréquent de se retrouver les pieds dans 30cm de boue. Que ce soit dans les montées ou bien dans les descentes, il faut garder une concentration maximale pour ne pas partir à la faute.

J’ai froid, je meurs de froid. Je suis énervé et je ne sais pas comment je vais me sortir de cette galère. Les kilomètres progressent doucement. J’ai arrêté de regarder ma montre pour ne pas me miner le moral en voyant tout ce qu’il reste encore à parcourir. Je ne pense qu’à une chose, atteindre le prochain ravito le plus vite possible dans l’espoir de me réchauffer. Je commence à douter sur ma capacité à pouvoir finir cette course. Je n’arrive presque pas à m’alimenter et cela ne fait qu’aggraver mon état. Mon regard ne cesse de fixer mes pieds depuis le départ. Malgré la frontale, la pluie m’empêche de voir à plus d’un mètre devant moi. Le temps me paraît s’égrener lentement. C’est interminable et pourtant je n’ai même pas parcouru la moitié…

Une longue descente technique, je vois de la lumière en contre bas, j’y arrive enfin, cela doit être Sainte Catherine.

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Pour ce qui est de profiter du paysage on repassera hein …. ^^

 

33ème km – Saint Genou 46ème km

 En l’espace d’un instant, le peu d’espoir qu’il me restait s’envola lorsque je découvris le ravito.

Il était en plein air… Impossible de s’abriter pour se changer. Le moral au plus bas, j’observe la scène. De nombreux athlètes sont réfugiés sous leurs couvertures de survie. J’entends des conversations de coureurs abattus et frigorifiés qui rejoignent les bus des abondons (à chaque ravitaillement plusieurs navettes sont présentent pour rapatrier les abandons jusqu’à Lyon).

L’espace d’un instant j’ai moi aussi une très grande envie de monter dans un bus pour mettre fin à se calvaire… J’entreprends tout de même de me changer (sous la pluie). Je retire mon tee-shirt et mes manchettes trempés pour revêtir mon haut de rechange.

Je ne dois pas tergiverser plus que ça, me voilà reparti, un peu plus sec qu’il y a quelques minutes.

J’ai fait le bon choix, je me sens un peu mieux et j’arrive même à avaler une barre. La pluie et le vent sont toujours là, mais je cours enfin sans greloter. Les espaces entre les coureurs sont plus conséquents. Les phases dans les sentiers sont de vrais chants de mines ou la glissade n’est pas loin, il faut garder une concentration maximale. L’atmosphère qui règne est très bizarre. Durant chaque ascension c’est assez flagrant, il n’y a aucun bruit mis à part celui de la pluie qui s’abat sur les arbres. Chacun progresse en silence. Tout le monde semble être un peu en « mode survie », dans sa bulle.

Il n’y a aucun échange entre les coureurs, chacun souffre en silence. Le bruit des chaussures s’enfonçant dans la boue donne le rythme. A ce moment précis je me dis que certes, on est là pour en chiez, mais là… On est très loin de prendre du plaisir.

Cela fait plus de 5h que je cours, et à part regarder mes pieds et tout faire pour ne pas me casser la gueule dans les descentes… Je n’ai rien fait d’autre.

Ma montre sonne, je regarde par curiosité. Je ne dois plus être très loin de Saint Genou…

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Pluie + vent +boue = SAINTéLYON 2018

47ème km – Soucieu en Jarrest 61ème km

 Arrivé au ravito de Soucieu, il est temps de refaire le plein.

Je n’ai presque plus d’eau et j’ai épuisé mes barres. J’en profite pour manger un peu de salé et boire du thé chaud. Peut-être un peu trop chaud car il fera fondre mon gobelet flasque ^^

Bizarrement, depuis le 36ème km je me sens de mieux en mieux. Je double du monde depuis le départ mais mes dépassements se font de plus en plus fréquents au fur et à mesure des kilomètres qui passent.

C’est d’autant plus flagrant à ce moment précis. Je repars de plus belle, Je sais désormais que j’irai au bout de cette course. Plus rien ne peut m’arriver !

Il m’est impossible de faire défiler le cadran de ma montre à cause de mes gants. Je demande l’heure à un concurrent que je double « Il est 6H15 » me dit-il.

Yes ! Cela veut dire que dans 1h le jour devrait faire son apparition ! Ça va faire du bien au moral !
La pluie redevient légère comme juste avant que le départ soit donné. Le plus gros est derrière moi.

 

62ème km – CHAPONOST 70ème km

Sans que je ne me rende vraiment compte, le ciel s’éclaircit. Je finis par enfin relever la tête. Qu’est ce que ça fait du bien de voir du paysage. Après plus de 6h à regarder ses pieds…
Je croise de plus en plus de concurrents mal en point, nombre d’entre eux marchent dès que la route s’élève un peu trop. Pourtant nous attaquons la partie la plus roulante de la course. Je suis sur un petit nuage, je file comme si la ligne d’arrivée était juste devant moi. Je rattrape un homme qui chute à coté de moi. Je l’aide à se relever mais j’ai l’impression qu’il s’est fait un ligament, son genou s’est bien désaxer dans sa chute…

Il reprends ses esprits et me dit de continuer et que ça va aller pour lui… Etre obligé d’abandonner en étant si proche de la fin… C’est cruel mais c’est le jeu.
Je dois rester sur mes gardes, la course n’est pas encore terminée…

71ème – ARRIVÉE À LYON (La halle Tony Garnier)

C’est le dernier ravitaillement, je prends le temps de m’alimenter. Il tombe à pic car cela faisait un bon bout de temps que je ne m’étais pas arrêté de courir. Il y a pas mal de bitume et les articulations commencent vraiment à couiner.

Le cardio va bien mais les jambes sont dures, les pieds font mal et je ne suis plus très léger sur mes appuis ^^

J’envoie un texto à Karen pour lui dire qu’il ne me reste plus que 11km avant d’arriver 🙂

En sortant de la tente, je croise Jonathan venu encourager Tiffany. C’est moi qui l’ai vu en premier. Il faut dire qu’avec tout mon accoutrement et avec ma capuche il est difficile de reconnaître un visage.
Il m’annonce Tif à un peu plus d’1h derrière « super elle aura fait une très belle course ! »
Il se met à courir à mes cotés pendant quelques centaines de mètres et me laissera filer après avoir échanger sur mes péripéties.

Qu’est-ce que ça fait du bien de parler à quelqu’un ^^
Je n’avais jamais vécu autant de solitude dans une course (qui paradoxalement compte pourtant 7000 concurrents au départ).

Sur la route un concurrent m’interpelle en me disant que l’on s’est croisé sur le dernier ravito « Euhh c’est bien possible mais je ne m’en souviens pas désolé » (ceux qui me connaissent bien ne seront pas étonnés ^^).

Il me dit que si je continue comme ça je peux passer sous les 11h. Je reste un peu à sa hauteur mais il m’annonce qu’il n’a plus les jambes, il doit ralentir l’allure. Je file donc en solo les yeux rivés sur le chrono. Il a raison je peux y arriver mais il faut que je mette un dernier coup de collier. Je donne tout ce qu’il me reste mais la fin du parcours est beaucoup trop accidentée et mes pieds me font un mal de chien sur ce bitume ! Je ne me languis que d’une seule chose => arrêter de courir !

Les dernières côtes sont interminables…

Pour finir en beauté, il faut descendre une centaine d’escaliers… pour enfin se retrouver sur les quais de Lyon en direction de la halle Tony Garnier.

L’arrivée dans Lyon suscite activement l’intérêt des passants et des automobilistes qui klaxonnent et nous encouragent dans cette dernière ligne droite.

Un dernier virage avant de rentrer dans la Halle, J’aperçois Karen et les copains qui m’encouragent une dernière fois juste avant de franchir la ligne d’arrivée

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Entrée dans la halle !

Je passe sous l’arche d’arrivée : C’est fait !

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La Finish Line !!

81km et 2300m de D+ à ma montre.
11h11min de course non stop !
1467ème sur près de 7000 concurrents.

De la pluie et du vent sur les 6 premières heures de course.
Une course terriblement difficile qui marque mes premiers pas dans le Trail longue distance. Une joie incommensurable à l’arrivée. Une fierté énorme d’avoir tenu bon malgré le format si atypique de cette course où le mental est d’autant plus sollicité.

La SaintéLyon => C’est fait !

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Elle est pas volée celle-la !
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le mec content d’en finir mais qui est au bout de sa vie ^^
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Yes !!!
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J’ai passé l’âge de faire des nuits blanches … Non ? ^^

Cette course vient clôturer une belle année 2018.
Du repos et une activité légère sur le mois de Décembre avant de repartir sur les chapeaux de roues en 2019 ^^

Merci une nouvelle fois pour tout votre soutien.

SEBRunNRide vous souhaite de belles fêtes et une bonne fin d’année ^^

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