ALPSMAN XTREM TRIATHLON : « Quand l’impossible devient possible… »

CE QUI ME POUSSE À FAIRE ÇA

Le départ de l’Alpsman se tiendra samedi à 5h30 du matin, je choisis de faire la route jusqu’à Annecy le jeudi pour avoir le temps de récupérer et de prendre mes marques.

Depuis lundi je n’ai quasiment rien fait en termes d’activité physique mis à part une petite séance de natation, du gainage et du renforcement un peu tous les jours. Le volume d’entrainement accumulé depuis les 10 derniers mois représente le maximum de ce que je pouvais faire. L’intégralité de mon temps libre était consacré à mon objectif de l’année, venir à bout d’un extrême Ironman.

Toutes mes journées ont été pensées et organisées dans un seul but, mettre toutes les chances de mon côté pour y arriver. Mon alimentation, mes entraînements, le matériel.  Rien n’a été laissé au hasard. Je déteste le hasard… J’ai un besoin irrépressible de vouloir tout maitriser pour être sûr d’obtenir ce que je mérite. Lorsque je me suis préparé pour mon premier Ironman (Hambourg 2017 au mois d’août dernier) je me suis instauré la même rigueur, seulement là c’est un peu différent…
Les distances sont les mêmes, mais le profil du parcours est presque insurmontable.

Pour rappel voilà ce qui m’attendait :

  • 3,8km de Natation avec un départ de nuit, lâché au beau milieu du lac en se jetant d’un bateau
  • 183km de Vélo avec un parcours digne d’une des plus dures étape du Tour de France avec 4400 mètres de Dénivelé positif
  • 42km de Course à pied avec comme privilège pour les concurrents atteignant le 25ème km (surnommé « le Tournant« ) en moins de 12h de course, le droit d’accéder à une fin en apothéose => les 17 derniers km en « Trail » avec 1400 mètres de D+ pour terminer en haut du col du Semnoz et décrocher le graal de « TOP FINISHER » (Black Tee-shirt).
    Les autres athlètes qui n’y parviendront pas (la très grande majorité) devront quant à eux terminer leur marathon en continuant de courir aux abords du lac d’Annecy jusqu’au 42ème km et devenir « LAKE FINISHER » (Blue Tee-Shirt).

Autant vous dire que c’est une autre histoire… Incomparable avec ce que j’ai pu vivre à Hambourg. Je me devais de durcir considérablement mes entrainements, pas forcément en terme de volume, mais plutôt qualitativement parlant. Je me suis forgé un mental à toutes épreuves. Quelles que soient les conditions météo, vent, pluie, froid, parfois même les  trois à la fois ! Je n’ai jamais manqué un entrainement. 90% de mes séances ont été réalisées seul, toujours dans le but de m’endurcir et de me préparer à cet effort solitaire. Repousser les limites du supportable à chaque sortie longue, refaire jusqu’à 10 fois le même col d’affilée… Des méthodes qui se rapprochent du stakhanovisme mais qui je suis sûr, feront la différence le jour de la course…

Je vais vous confier quelque chose de très personnel.
Quand je me suis inscrit pour participer à l’Alpsman, ce défi hors norme, je savais pertinemment que je n’avais pas le niveau pour m’aligner sur une course pareille. J’ai même eu peur de passer pour quelqu’un de présomptueux. En réalité, je suis un novice du triathlon, avec moins de 2 ans de pratique. J’ai un niveau que l’on peut qualifier de correct mais sans plus. Un bon nombre d’athlètes qui s’entraînent autant, voir moins que moi, sont pourtant beaucoup plus forts. Je n’arrive pas à la cheville de la plupart des personnes qui m’entourent depuis que je pratique ce nouveau sport (moi ancien athlète en Voile).
Je n’ai aucun talent, aucun don naturel pour le triathlon… Je m’entraîne, je m’améliore, mais sans avoir une courbe de progression très importante malgré tout mes efforts.
J’ai parfois beaucoup de mal à accepter le fait que des personnes qui sont loins de s’infliger la même rigueur que moi (entrainement et hygiène de vie) arrivent avec une facilité déconcertante à accomplir des performances bien au delà de ce que je suis capable de faire…
Parfois quand un proche me dit « c’est génial ce que tu as fait, tu dois être tellement fier !? » Je ne peux pas m’empêcher de penser que « Oui ce n’est pas mal… », Mais c’est tout à fait normal au vu des entrainements que je m’inflige. Je n’accomplis aucun exploit, c’est la suite logique des choses…

Tout ça pour vous dire qu’un jour (et c’est assez récent à vrai dire…) j’ai arrêté de voir les choses de cette manière là. OUI, je suis très loin d’être un « bon triathlète ». Beaucoup d’athlètes sont et seraient capables de me battre en s’entrainant moins que moi et en profitant plus de leur temps libre.
Mais ne serait-ce pas ça qui me pousse à aller encore plus loin ?

De me dire que, malgré les capacités ou les dons que peuvent avoir certain, la grande majorité de ces athlètes plus forts que moi ne s’aventurent pas dans ce genre de défi hors du commun. Je retire de la satisfaction à me dire que je tente sans cesse de sortir de ma zone de confort et mets un point d’honneur à repousser les limites de mon corps et de « mes propres capacités » peu importe mon niveau.

Je ne serai jamais le vainqueur, mais je veux être meilleur qu’hier et moins fort que demain.

Voilà pourquoi je fais tout ça… Et voilà comment j’en retire du plaisir.
C’est très personnel, mais je ressentais le besoin d’en parler pour que vous compreniez ce que je cherche dans ma quête du « toujours plus »

Maintenant que c’est chose faite,  ce compte-rendu peut enfin commencer ^^

LE DEBUT D’UNE TRES LONGUE JOURNEE

Le réveil sonne, il est 2H39 du matin.

Jamais je ne me suis levé aussi tôt pour une course, mais le plus inquiétant est que je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit.
Au lit pourtant dès 22h avec comme livre de chevet la biographie de Martin Fourcade, je n’ai cessé de me faire et refaire la course en boucle dans ma tête.

Heureusement la sensation de fatigue ne paraît pas si lourde. Pas le temps de s’en inquiéter, le timing est serré et je ne dois rien oublier.

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Passage au parc à vélo avant d’embarquer sur le bateau

Petit dej’ de course avalé, les affaires sont prêtes, il est temps de rejoindre le parc à vélo. Seulement 30 petites minutes pour tout vérifier, gonfler les pneus, préparer mes ravitaillements et enfiler ma combinaison. Me voila en train d’embarquer sur « Le Libellule » le fameux bateau qui convoiera les athlètes jusqu’au milieu du Lac où aura lieu de le départ de la natation.

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Le Libellule

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Karen, Marjorie, Cedric, Marion et Théo sont à mes cotés avant l’embarquement. Ils assisteront au départ en embarquant sur le bateau accompagnateur « Le Savoie ».
Encore une fois j’ai beaucoup de chances, Tout notre groupe d’amis a fait le déplacement pour venir me supporter tout au long de cette journée. Ils sont près d’une quinzaine et seront répartis à des endroits stratégiques de la course pour que je puisse régulièrement profiter de leurs encouragements.

Il est l’heure, je grimpe à bord du « Libellule ». L’ambiance est plutôt pesante, les 430 athlètes vêtus de leur combinaison prennent place jusqu’à remplir intégralement le bateau.
Durant le trajet jusqu’au milieu du lac qui durera moins de 30 minutes, j’observe tous les athlètes qui m’entourent. J’écoute leurs discussions. Certains étaient présents lors de l’édition 2017. J’entends l’un d’entre eux dire qu’il n’a pas dormi de la nuit, la suite de sa phrase me rassurera « ça m’a fait la même chose l’an dernier et j’ai quand même assuré la journée, même si l’on ne dort pas dans un sommeil profond, le corps se repose quand même »

Je finis par décrocher une phrase aux trois gars qui m’entourent pour essayer de me détendre un peu.
« Vous pensez nager en combien de temps ? »
Tous m’annoncent un chrono inférieur à celui que j’espère mettre (cette tentative pour me rassurer est ratée ^^)
Le bateau s’est arrêté, il est temps de se jeter à l’eau. La musique de « Requiem for a dream » en fond sonore, sacrée atmosphère !
Il fait encore bien noir dehors, je commence à m’inquiéter, vais-je réussir à voir ces foutues bouées ?
Plouf ! Après un plongeon pas très gracieux qui me fait perdre mes lunettes, je nage tranquillement vers la ligne de départ, matérialisée par deux grosses bouées blanches ALPSMAN.
Les 430 athlètes s’élanceront tous en même temps au son de la corne de brume. Les meilleurs nageurs se positionneront logiquement aux avant postes. Je devrais pour ma part me mettre une peu en retrait pour éviter de prendre d’entrée de jeu un mauvais coup sur ma main cassée… Je devrais… Mais psychologiquement j’ai du mal à me placer derrière, j’opte pour une place devant mais un peu sur le coté. J’ai du mal à voir la première bouée mais le ciel s’éclaircit peu à peu.

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NATATION 3 800 mètres
(1h13)

C’est parti !!

Comme prévu dès le début je prends un certain nombre de coups ! Mais c’est le jeu !
Petit à petit je finis par trouver ma place et je cale mon rythme en essayant de faire attention à ne pas partir trop fort. Boum, un coup de pied dans la tronche me fait perdre mes lunettes et boire la tasse. No panic, ça risque d’arriver encore, je reprends ma route sans perdre de temps. Je constate que beaucoup de nageurs ne voient pas correctement les bouées. Ma chance c’est que mon expérience d’ancien « Voileu » m’est d’une grande aide sur ce coup. Je ne fais quasiment pas de chemin en plus alors que je vois pas mal d’athlètes faire des zig-zags pour se remettre sur la bonne route. Je me sens plutôt bien malgré ma douleur à chaque coup de bras droit. J’essaie de faire le vide.

Au trois quart du parcours je ressens un gène au niveau des jambes. Je sens que la crampe n’est pas loin. Je l’éloigne le plus possible en limitant mes battements mais je ne vais pas y échapper. Je ne panique pas, j’ai connu cette situation à Hambourg dès le 1er kilomètre et je m’en suis sorti !
Je me concentre sur ma respiration, je prends un maximum d’air à chaque inspiration et cela semble fonctionner.
Dernier virage ! L’arche rouge est en face de moi à 300 mètres. Un dernier coup de collier et la 1ère étape de la journée (la plus courte évidement) sera bouclée !
Les concurrents devant moi ont pied ils se sont redressés. Je continue de nager, encore et encore, un dernier plongeon glissé pour gagner quelques mètres et « Clac » => crampe au deux mollets ! C’était prévisible…  Je me retrouve les quatre pattes en l’air dans 30 centimètres d’eau ^^ complètement ridicule. Le temps de m’étirer une dizaine de secondes, je parviens enfin à me lever pour rejoindre l’entrée du parc à vélo avec un premier passage devant les copains qui n’ont pas vraiment compris ce qu’il m’arrivait ^^

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déjà pas au top le mec ^^

Transition 1
(Natation-Vélo : 3’51 »)

En sortant de l’eau je réalise que ma montre s’est verrouillée toute seule (certainement à cause du combat dans l’eau au milieu du peloton). En temps normal je me serais énervé car impossible de savoir à cet instant en combien de temps j’avais nagé. Mais sur le coup je me surprends moi-même, je n’y attache pas plus d’importance que ça, la journée va être tellement longue… On fera les comptes plus tard.
J’enlève très rapidement ma combinaison, et je prends ce qu’il faut pour attaquer cette partie vélo, casque, lunettes, bandana, chaussettes, chaussures. La manoeuvre est rapide et efficace, je me l’a suis visionné tellement de fois dans ma tête pour ne rien oublier…
Direction la sortie du parc, je franchis l’arche et enfourche mon « Canyon » qui je l’espère ne me fera pas défaut.

VELO 183 Km avec 4 300 mètres de Dénivelé +
(8h18)

Col de Leschaux + Col du Semnoz (1-30ème km)

Il est encore très tôt quand je quitte Saint Jorioz et me lance tête baissée vers la première difficulté de ce parcours au profil terrifiant : 5 cols à franchir dont 1 hors catégorie et deux boucles qui comprennent chacune 2 cols 2ème catégorie.
On attaque par le col de Leschaux suivi immédiatement par le col du Semnoz, soit presque 30km d’ascension avec de forts pourcentages !
Moi qui suis loin d’avoir le profil d’un « grimpeur » je suis servi. Cette première partie, je la connais bien (c’est la seule d’ailleurs ^^), c’est la troisième fois que je m’y aventure. Je sais que je ne peux pas me permettre d’y aller cool. Il faut que j’attaque tant que je peux en gardant un rythme soutenu sous peine de perdre trop de temps. A ma grande surprise je remonte bon nombre de cyclistes qui ont l’air pourtant plus « taillés » que moi pour la montagne. Je ne tergiverse pas, le rythme est là et mon cardio est bon, je continuerai sur ma lancée jusqu’au sommet.

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Col de Leschaux
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Arrivée au sommet du Semnoz

J’y suis, le sommet est là !
J’ai l’impression d’avoir bien géré cette première partie, les sensations sont très bonnes. Les copains sont là pour m’encourager (Karen, Nico, Mel, Laurie, Marion, Théo, Marjo et Cedric), ça fait du bien de les voir, je suis à bloc et je sais que je le reverrai au Col de Près.

Descente jusqu’à Lescheraines (29-58ème km)

Je vais pouvoir souffler un peu… Du moins c’est ce que je crois lorsque j’entame la première  descente pour rejoindre la vallée. Il y a 2 mois je me suis vautré dans cette même descente et cela m’a couté une double fracture de la main droite… Depuis l’appréhension ne m’a plus quittée. Mes trajectoires sont hésitantes, je n’arrive plus à accélérer comme avant. Je n’étais déjà pas un grand descendeur mais là, c’en est presque ridicule… Les concurrents me doublent les uns après les autres. Cette chute m’a fait perdre toute confiance en moi, ma main est douloureuse et tremble à chaque virage… Je savais que cela se passerait de la sorte, je m’y étais préparé. Je vais tenter de limiter la casse… J’accélérerai dans les montées des cols !
C’est rageant car il est très facile de gagner du temps sans se fatiguer sur ces parties roulantes, alors que moi je vais aller puiser de l’énergie dans les montées pour rattraper mon retard.  C’est le jeu ! Pas la peine de m’apitoyer sur mon sort, je dois faire avec.

Le ciel est couvert depuis le début, ce qui n’est pas pour me déplaire. La température est plutôt agréable. J’ai envie de m’arrêter pour faire une pause pipi depuis la sortie de l’eau mais je repousse le moment tant que je peux, je n’ai pas envie de perdre du temps maintenant.

1ère boucle : Col de Plainpalais + Col des Près (59-107ème km)

Je me suis arrêté au ravitaillement quelques secondes pour faire le plein en eau. Je ne connais pas du tout le reste du parcours mais d’après les informations que j’ai recueillies, c’est surtout le col des Près qui risque de faire mal…
J’amorce mon ascension vers Plainpalais avec l’intention de rattraper les places perdues dans la descente. Les jambes répondent bien, je refais mon retard et atteins le sommet où je croiserai à nouveau les copains (Flo, Steph, Michel, Nana et Raph) sur le bord de la route. La fatigue commence à se faire sentir mais je maintiens le rythme.
Une nouvelle descente, la route est en très mauvaise état, je suis d’autant plus prudent et perd encore quelques places. Heureusement les écarts entre les concurrents sont assez importants, le bilan arrivé en bas n’est pas aussi catastrophique que dans la descente du Semnoz.
On enchaîne tout de suite avec le col Des Près. Le début me paraît difficile mais le fait de dépasser beaucoup de monde me fait du bien au moral. Par contre il faut vraiment que je m’arrête pour vidanger… Je me retiens depuis beaucoup trop longtemps (La sortie de l’eau exactement). Je mets « le cligno’ à droite » dans un virage en épingle. Me voila reparti 3 minutes plus tard. C’est énervant de perdre des minutes précieuses que j’ai mis un temps fou à gagner sur mon vélo mais malheureusement on ne peut pas faire autrement.
La fin du col est terrible, le pourcentage avoisine les 11% et aucun moment pour relancer. Je grimpe en force depuis le début pour maintenir une vitesse moyenne correcte. Tout le monde souffre autour de moi. Mes pensées sont partagées entre la satisfaction d’avoir presque fini cette première boucle et l’angoisse car OUI il va falloir la refaire…
Je récupère de l’eau à nouveau au sommet, il y a Karen et les autres, je leur lâche un « Ce col c’est l’enfer ! »
Cedric me rétorque immédiatement « ne t’inquiète pas tu vas le refaire encore une fois ! ^^ » Merci Cedric pour la boutade qui me fait sourire. Mais il a raison, je vais devoir y repasser et le doute s’installe en moi…

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Dur dur le col des Près…

2ème boucle : Col de Plainpalais + Col des Près (108-139ème km)

Je reprends un peu d’assurance dans cette descente du col Des près qui n’est pas très technique. Je suis moins crispé sur mon cintre ce qui laisse ma fracture quelque peu tranquille. Les nuages ne sont plus de la partie, le soleil tape fort et la température est montée en flèche. Je tombe le coupe-vent que j’avais mis par dessus ma tri-fonction depuis la 1ère descente (au Semnoz). Guitou est là, il est venu à ma rencontre à vélo sur la fin de la descente. On échange 2 minutes sur son frère et Max qui sont également en train de se battre sur cette boucle. Il me dit de m’accrocher, qu’il faut tenir comme ça. Il me faussera compagnie juste avant que ça grimpe à nouveau.

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C’est l’heure de tomber le Coupe vent !

Je ne supporte pas bien la chaleur, je bois très souvent, j’alterne entre eau claire et boisson « Isotonique » car les pertes en sel sont importantes dans ces conditions. Une douleur au quadriceps fait son apparition durant ma deuxième ascension du col de Plainpalais. Je continue d’appuyer. Mon regard commence à flancher. J’essaie de remplir ma tête de pensées positives pour m’accrocher.

Sur le petit replat du sommet j’aperçois les amis au bout de la route et leur fais un petit signe de la main. Leurs cris se déclenchent aussitôt. Ils n’étaient pas sûrs que c’était moi 400 mètres plus bas ^^
Devant eux je fais bonne figure ça commence à être vraiment dur… Je n’ai jamais enchainé de dénivelé pareil. Mes muscles tirent dans tous les sens.
Dans la descente le vent brule sur le visage, je dois vraiment m’hydrater comme il faut. J’ai avalé une barre (Overtism.s Authentic Bar ) avant chaque col et je ne commence à ne plus vraiment les supporter…

Revoilà le col de Près… Putain je n’avance plus ! Les yeux rivés sur mon compteur Garmin, ma vitesse instantanée à lourdement chutée par rapport à la première boucle. Je panique, il faut que je m’accroche. C’est la dernière grosse difficulté de ce parcours vélo, je pourrai souffler un peu sur le retour vers St Jorioz (du moins je l’espère). Je m’emploie tant bien que mal à donner tout ce qu’il me reste d’energie mais rien à faire. Je dois passer tout le col debout sur les pédales, pousser et tirer de toutes mes forces pour limiter la casse. Les 4 derniers kilomètres sont interminables 10-11% de pente moyenne et aucun moment pour faire tourner les jambes. Je jette toutes mes forces dans la bataille sans penser à ce qui m’attend après. J’ai tombé la totalité d’un bidon d’eau sur cette partie là. Je suis seul depuis un bout de temps. Je ne croise plus aucun concurrent. Les écarts doivent être trop important et chacun est à sa place.
J’en vois enfin le bout ! Je passe à nouveau devant Karen et le groupe, mon visage est éteint, Karen parvient même à courir à coté de moi sur plusieurs centaines de mètres. Je dois continuer de m’accrocher… Pour Elle, pour tous les amis qui sont là.

Retour vers Saint Jorioz en passant par le col de Leschaux
(140-183ème km)

Plus que 40 bornes et je pourrai descendre de ce foutu vélo. J’en peu plus d’avoir le cul sur la selle et relancer encore et encore. La fin du parcours est censée être vallonée. Ce qui est le cas au début, mais il reste tout de même quelques cotes importantes avant d’atteindre le col de Leschaux et amorcer ma descente jusqu’au lac à St Jorioz.
Je rejoins Le Chatelard au 158ème km sans être vraiment conscient de ce que je fais. Une douleur aiguë au niveau du cou, je viens de me faire piquer par une abeille à la gorge. J’enlève le dard d’un coup de main sans sourciller, je n’ai même pas la force de me plaindre. La fatigue physique qui m’habite à ce moment là est bien plus importante que cette futile piqure.
La route s’élève à nouveau devant moi et ce pour la dernière fois ! Je viens de dépasser un petit groupe de 3 athlètes. J’ai beau être exténué ils ne parviennent pas à me suivre dans la côte.
Arrivé à Leschaux j’aperçois enfin le lac en contrebas. C’est l’ultime descente, j’essaie de mobiliser une dernière fois toute ma concentration pour ne pas risquer une sortie de route. Si proche du but ce serait vraiment trop bête. Déjà que j’ai échappé à la crevaison malgré la route désastreuse dans le Semnoz !

Transition 2
(Vélo-Course à pied : 2’52 »)

J’approche de l’Arche de transition, j’entends Karen,Marjorie et Steph sur ma gauche mais j’ai les yeux fixés sur la marque au sol avant laquelle je dois descendre de mon vélo sous peine de me faire disqualifier. J’entends un bruit suspect sur ma droite, un concurrent m’ayant rattrapé dans la descente vient de se cracher dans une haie suite à une légère perte de connaissance. Par chance il s’en sortira indemne. Karen a même pu immortaliser la scène en vidéo !
Au moment où j’appuie sur ma montre, je n’ai aucune idée de mon chrono à vélo, ni même de mon chrono depuis le début de la course. Je ne sais pas du tout où j’en suis. Tout ce que je sais, c’est que j’ai tout donné, je n’ai plus de jus. Le Marathon s’annonce épouvantable…
Le temps de changer de chaussettes et d’enfiler mes baskets, je sors de la tente de transition sans me poser de question.

Course à pied : Les 25 premiers Km au bord du lac avant « le TOURNANT« 

3 boucles d’un peu plus de 8km à réaliser avant d’atteindre le point fatidique du « Tournant » au 25ème km. Les athlètes qui parviendront à y passer avant les 12H de course termineront leur marathon par un trail de 17km jusqu’au sommet du Semnoz avec l’accompagnateur de leur souhait et seront déclarés « Top Finisher ». Les autres devront se contenter de terminer leur marathon en achevant leurs 42km autour du lac (sur les boucles de 8km) Ils seront quant à eux « Lake Finisher »

Cette course je l’ai choisi car il y avait cette fameuse distinction qui existait… L’excitation est d’autant plus grande. Seulement sur le papier, parvenir à passer le 25ème km sous les 12h de course relevait de l’impossible. Même en réalisant une course parfaite à mon niveau, je n’avais presque aucune chance de passer « le cut » à temps.
« Presque »  aucune chance… C’est ce « presque » qui m’a fait me battre comme un lion depuis 5H30 ce matin, dans le but de m’attacher à l’infime chance que j’avais d’y parvenir. Je suis venu ici pour aller au delà de mes limites. Et ce pari fou, je l’ai fait entre moi et moi-même. Devenir simple Finisher sur cette course aurait déjà été quelque chose d’extraordinaire pour moi.

J’avais fait passer un petit message à Cedric la veille de la course :
 » Tu sais, je n’y crois pas du tout, mais si jamais j’ai une infime chance de sonner la cloche, pourras-tu m’annoncer la vitesse à laquelle je dois courir pour y parvenir au moment où je pose le vélo ? Si c’est impossible, ne me dit rien … »

1ère Boucle (8km)

  • 5’35 » !! Si tu cours à 5’35 » au kilomètre ça passe !!! me crie Cedric au moment où je passe devant lui à la sortie de la tente de transition.
    Mais au lieu d’afficher un visage plein d’espoir à ce moment précis, Je n’eus presque aucune réaction. Mon état actuel ne me permettrait pas d’y croire.
    Ma réponse fut brève et remplie de dépit « Alors c’est mort… « 
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J’avais déjà tout donné et trop de paramètres étaient incertains. Si on prend en compte les arrêts aux ravito, les éventuels coups durs et mon état pitoyable du moment, comment pourrais-je y arriver ?

Je m’engage sur cette première boucle de 8km en jetant toutes mes forces dans la bataille. Il fait horriblement chaud. Je vais opter pour ma technique habituelle. Il faut que j’attrape une bouteille au 1er ravitaillement pour que je puisse boire très régulièrement dès que j’en ai envie, sinon je ne tiendrai pas. Tous les copains se sont répartis un peu partout sur le parcours. Et au vu de l’excitation qu’ils manifestent lors de leurs encouragements, tout le monde pense que je vais le faire. Ils n’ont pas lu la fatigue extrême sur mon visage bien caché par mes lunettes de soleil. Je cours, je cours comme je peux, ma foulée se détériore à une vitesse folle. Je suis comme un pantin désarticulé. Ma montre affiche une vitesse qui pour l’instant est correcte mais je ne tiendrai jamais cette allure là durant 25km. J’ai l’impression de taper un sprint ! je sais que ça va finir par lâcher. Je viens de parcourir péniblement 3km et j’entame une course sur le bitume brulant. La chaleur m’écrase littéralement.
Ce premier tour semble durer une éternité. J’arrive dans le sous-bois. Guilhem m’interpelle et se met à courir quelques mètres à mes cotés. Je lui dis que je n’en peux plus. même s’il n’avait pas besoin de ça pour s’en rendre compte. Etant lui-même triathlète, il a tout de suite détecté que j’étais au plus mal. Il essaie tout de même de me remonter le moral, même si je sais qu’au fond de lui il pense exactement comme moi, c’est foutu…

400 mètres complètement dans la boue, cette partie là de la boucle est terrible, impossible de maintenir la vitesse. Je m’enfonce dans la gadoue et manque de chuter dans chaque virage. Je sors enfin de là, pour en terminer avec ce premier tour.

2ème Boucle (8km)

Je repasse devant les copains qui cette fois-ci ont bien vu que ça n’allait pas. Ils me crient tous de ne pas lâcher. Je ne cesse de me plaindre en disant que je suis à bout. Cela fait beaucoup trop longtemps que j’ai dépassé mes limites. Mon corps me supplie de ralentir. C’est un bras de fer que mon mental et lui se livrent depuis maintenant bien trop longtemps. Je sais que je n’ai aucune chance de l’emporter ce coup-ci. Mon coeur bat tellement fort, on dirait qu’il va exploser de ma poitrine. Les muscles tirent de partout. Et pour couronner le tout, je ne suis plus capable d’avaler quoi que ce soit. Le sucre ne passe plus, je suis arrivé à saturation. Si j’avale encore un gel je vais vomir. Je peux seulement continuer de m’hydrater grâce à la bouteille que je traîne dans ma main.

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Rien ne va plus …

Karen s’est mise à courir à mes cotés. Je suis tellement déçu de lui dire que je n’y arrive plus, que je vais finir par craquer. Elle, n’a pas cessé d’y croire, comme tous les autres en fait. Je dois continuer de me battre, encore et encore pour elle, pour eux.

Dans ma tête je me fixe des objectifs à très court terme. « Tu continues d’accélérer, jusqu’à ce banc là bas » « et maintenant jusqu’au demi-tour ». Ma vitesse est en dents de scie. Elle fluctue au gré des batailles entre mon mental et mon corps.

Un vélo se hisse à mes cotés, c’est Nico. Je lui lâche toute ma frustration, il faut que j’extériorise, ça me fait du bien. « Ce putain de parcours n’est pas plat !! »
Il y a des faux plats, des virages, de la boue, il fait chaud… Le moindre obstacle peut mettre un terme à ma course, je suis au bord de la rupture. « T’es bien classé Séb, faut pas lâcher ! T’as le mental ! »
Le mental… Je lui en ai déjà tellement demandé. Il ne va pas tarder à m’abandonner. C’est déjà incroyable qu’il m’ait amené jusqu’ici.

Au début de cette deuxième boucle j’avais tout de même crié à Cédric de m’annoncer (à la fin de ce tour) la vitesse moyenne que je devrai tenir sur le dernier tour pour espérer y croire encore.

3ème et donc dernière Boucle (8km)

Je m’en approche, la démarche proche de celle d’un zombie. Je boucle ce deuxième tour. Je passe une nouvelle fois devant tous les copains qui se sont regroupés au même endroit. Je les entends hurler, m’encourager. Je ne parviens même plus à relever la tête pour échanger avec eux. Cédric m’annonce « 5’40 » ! Si tu fais le tour en 5’40 » c’est bon !! »
Mes efforts ont payés j’ai réussi à gagner un peu de temps. Je n’ai jamais été aussi proche de le faire, pourtant j’ai l’impression d’avoir perdu tout espoir. Je n’ai plus conscience de rien. Je ne suis plus capable de réfléchir alors qu’il faut juste que je boucle ce dernier 8km et c’est tout !

J’ai besoin de m’arrêter pour faire pipi, mais c’est hors de question de perdre de précieuses secondes si durement gagnées. Je m’emploie donc à faire ça en courant (je ne savais même pas que c’était possible) désolé ce n’est pas très classe mais c’est mon corps qui prend les décisions, je n’en suis plus maître et puis de toute façon à ce moment précis je m’en fous.

J’atteint le premier ravitaillement de la boucle, il faut que je refasse très vite le plein de ma bouteille qui est vide. Clac ! J’en été sûr… Le fait de m’arrêter a déclenché deux crampes simultanées sur les quadriceps. Je suis bloqué, droit comme un piqué devant la bénévole qui remplissait la bouteille que j’ai subitement laissé tomber par terre.
« NOoooonnn Putaiinn !!!! »
Désolé pour les gens qui m’entouraient, mais toute ma colère explose. Je chute lourdement sur le sol comme si on m’avait violemment coupé les deux jambes. La bénévole réagit tout de suite. Elle me secoue les jambes, me donne un verre de coca et me force à boire abondamment. Elle m’a sans aucun doute sauvé la course.
Je finis par réussir à me relever. Je l’a remercie autant que je peux, et elle me lance « Maintenant tu te bouges et tu vas sonner la cloche »

Je repars aussitôt. Seulement j’ai laissé échapper des minutes très précieuses durant cette galère (peut-être 2 ou 3 minutes). Mon état ne s’est pas amélioré, loin de là. Ma foulée est encore plus moche qu’avant, je suis tout tordu, ma tête flanche sur le coté, et je sens que mes quadriceps peuvent me refaire le coup des crampes à chaque seconde qui passe.  Je crois que tous les bénévoles savent que je suis sur mon dernier tour. Ils donnent tous de la voix à chaque fois que je passe devant eux. Ils ont été exceptionnels du début à la fin.
Je n’ai plus rien à donner, mais je donne encore. Je ne comprends même pas comment je peux encore mettre un pied devant l’autre. Je ne regarde plus ma montre, il faut courir, plus vite, encore plus vite, c’est tout ce que j’ai à faire.
Je passe devant les copains, l’un(e) d’entre eux me lance « Allez Séb c’est bon tu vas le faire ! Karen y croit ! Elle est partie s’équiper pour t’accompagner au Semnoz !! »

Il doit rester moins de 4km. Je devrais commencer à y croire, mais toujours pas ! La course n’est pas finie, je ne suis pas à l’abri d’une nouvelle défaillance qui pourrait m’arrêter net. Mon corps peut imploser à chaque foulée, je le sens. Ce foutu passage dans la boue m’indique que la fin du tour est proche. J’en sors, il doit me rester moins de 500 mètres et j’entends le speaker au loin annonçer qu’il reste encore 8 minutes pour sonner la cloche !!!
C’est bon je vais le faire… Je ne réalise pas, je vais sonner cette putain de cloche.
Tous les amis sont là, un véritable brouhaha s’installe autour de moi, chacun y va de son commentaire alors que je suis encore en train de parcourir les derniers mètres, mais je ne perçois pas grand chose.

Karen me rejoint enfin, juste avant que je récupère mon bracelet rouge. Le graal qui me permettra prendre la direction de la cloche. Karen a l’air si heureuse pour moi et me répète « Tu l’as ! Tu l’as le Bracelet !! »
De mon coté je suis toujours incapable de sortir le moindre mot ou de faire paraître la moindre expression.

J’attrape le bout de la cloche et la secoue de toutes mes forces en laissant échapper un cri de rage !
Je l’ai fait… J’ai obtenu le droit d’accéder au Semnoz malgré ce chemin truffé d’embuche.
J’aurai finalement bouclé ces 25km à une vitesse moyenne de 5’25 » au kilomètre. Après toutes ces péripéties… C’est juste incroyable.

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AHHHH !!!!!!!!

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Karen encore plus heureuse que moi ^^

La montée au Semnoz : 17km 1400m de D+
(C’est loin d’être terminé…)

Après m’être équipé de chaussures de trail et de mon CamelBak, me voilà de nouveau en route accompagné de Karen vers le sommet du Semnoz.

Une bénévole me félicite au passage et me dit qu’il faut maintenant compter sur Karen (mon accompagnatrice officielle) pour qu’elle m’escorte jusqu’en haut et tout ira bien.

Nous passerons les 4 premiers km en faux plat à échanger sur tout ce qui vient de m’arriver. Du pur bonheur, je peux enfin laisser retomber la pression et profiter d’échanger avec tout le monde sur cette journée folle (du moins c’est ce que je croyais…)

Nous atteignons le premier ravitaillement qui annonce le début de l’ascension, Nous nous retrouvons seuls tous les deux, au beau milieu de la végétation.

Et là, en seulement quelques minutes, la situation se dégrade violemment. Plus de son plus d’image. Je n’arrive presque plus à marcher. Le dénivelé (entre 100 et 150m par km) fait barrage devant moi. Je suis au bord du malaise. Mes pulsations cardiaques s’emballent alors que je progresse très péniblement en marchant. Je suis obligé de faire une pause tous les 100 mètres pour récupérer. Je préviens Karen qu’il y a le numéro des secours inscrit sur mon dossard au cas où je perds connaissance.

Dans ma tête tout bascule… Je peux encore échouer. Et vu mon état je ne me sens clairement pas capable d’avaler autant de dénivelé dans le temps imparti.

La ligne sera close à minuit pile. Et au vu de l’allure à laquelle nous progressons, je vais terminer hors délai…
« Putain je le savais…Je suis aller au delà de ce que je pouvais faire, mon corps ne peut plus rien accomplir »

Karen tente tant bien que mal de me rassurer, « Si l’on avance doucement on y arrivera ». Mais je suis blanc, le visage éteint, comment pourrais-je y arriver ?

Le prochain ravitaillement est à 1km, il faut que j’y parvienne pour essayer de reprendre des forces. Cela fait de nombreuses heures que je n’ai rien avalé. Karen fera tout ce qui est en son pouvoir pour m’aider à maintenir le rythme. Nous empruntons une partie sur route où les copains se sont positionnés pour nous voir. Malheureusement le sourire auquel ils s’attendaient ne se lit pas sur nos visages. Karen les informe sur mon état, je n’arrive presque plus à parler. C’est reparti de plus belle pour de nouveaux encouragements, leur boulot n’est pas encore fini (désolé les copains ^^).

Après plus de 30 minutes interminables nous atteignons le ravito. J’essaie de manger un bout mais l’envie de vomir est trop forte, ce n’est pas très concluant. Les bénévoles entendent à la VHF que les derniers concurrents à avoir sonné la cloche après moi ont abandonné dans l’ascension. Je suis donc l’ultime concurrent à grimper… Et je suis loin d’être sorti d’affaire.
La bonne nouvelle c’est que les serre-file (deux pompiers) ne vont pas tarder à me rattraper et qu’ils se joindront à nous pour terminer l’ascension, comme le veut le règlement de la course.

Nous reprenons notre chemin, un peu plus rassurés mais toujours éreinté de mon coté. L’angoisse de ne pas arriver avant minuit me mine le moral. Les deux pompiers finissent pas nous rattraper peu de temps après. On échange un peu sur mon état. Je leur confie que j’ai vraiment peur de ne pas atteindre le sommet dans les temps avec cette allure… L’un d’eux me propose de manger du salé pour retrouver un peu d’énergie. Il faudra encore parcourir 2km pour déguster un bout de sandwich jambon fromage.
Cet encas salé ma totalement requinqué. Il faut dire que je n’avais rien avalé depuis plus de 4h…
Je vois enfin le bout du tunnel, ce gros passage à vide est maintenant derrière moi. J’arrive à tenir un rythme correct jusqu’au ravitaillement suivant. Mon visage affiche enfin un léger sourire, je regarde ma montre qui va bientôt s’éteindre, la batterie est presque vide, je sais désormais que je vais aller au bout…

Le soleil nous fausse compagnie pour laisser place à l’obscurité. On croise une dernière fois notre groupe d’amis au complet en franchissant la route. La prochaine fois que nous les reverrons, ce sera au sommet… sur la ligne d’arrivée.

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La lumière en plein milieu c’est nous ^^

Les 4 derniers km sont les plus raides. Cela grimpe même jusqu’à 200m de dénivelé par kilomètre. Mais nous sommes proche du but. Frontales allumées, on avance à un rythme soutenu dans la caillasse et la boue. Cela fait bientôt 5h que l’on a débuté cette ascension, et plus de 7h à partir du moment où j’ai attaqué le début du marathon.

Une lumière scintille au loin à travers les feuillages. « C’est l’arrivée que tu vois la bas mon gars »
Encore un dernier effort… Plus je m’en approche et plus j’entends le groupe hurler des encouragements.

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La dernière côte là voila. Le speaker à commencé à chauffer la foule, ça gronde de l’autre coté de ce talus. Les serres file nous abandonnent pour nous laisser profiter de ce moment. Je les remercie chaleureusement, Ils ont grandement contribué au fait que je sois arrivé au bout.

Mains dans la main avec Karen, nous nous approchons de l’arche d’arrivée, je vais enfin pouvoir autoriser mon corps à s’arrêter, lui qui me supplie de se reposer depuis des heures et des heures…

16 heures et 58 minutes de course,
Nous coupons la ligne d’arrivée avec une émotion indescriptible. Tout le monde nous acclame, les applaudissements n’en finissent plus. C’est de loin de plus beau souvenir sportif de toute ma vie. Jamais je n’ai ressenti quelque chose d’aussi fort.
Le speaker hurle dans le micro :  » Tu es Tooop Finisherrrrrr »

Karen, les amis, le staff … Vous avez rendu ce moment mémorable.
On me remet ma médaille ainsi que le « Black Tee-shirt »
Flo me tend une bouteille de champagne, c’est le moment de « kiffer » ^^

J’ai réussi… J’ai réussi mon putain de pari. Devenir un « Top Finisher » sur une des courses les plus dures du monde. J’ai poussé mon corps au delà de toutes limites. J’ai du aller puiser des forces dont je ne soupçonnais pas l’existence, au plus profond de moi-même. Jamais je n’aurais cru aller aussi loin au delà de la douleur. Mais si j’ai réussi cet exploit, c’est clairement grâce à vous tous. Je n’aurai pas accompli le quart de ce que j’ai fait sans le soutien de Karen et de tous mes amis.

Vous n’avez jamais cesser d’y croire, contrairement à moi qui ai manqué de tout foutre en l’air plus d’une fois…

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Je te dois tout ❤

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Les amis, vous êtes magiques

C’est une victoire collective, et c’est ce qui l’a rend encore plus belle…
Cette course restera gravée à vie dans ma mémoire.

« Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin »
Moi grâce à vous, je suis allé plus vite et plus loin…

Merci à tous ceux qui ont rendu cela possible.

SebRunNRide

les « Top Supporters »

Karen, Marjo, Cedric, Flo, Steph, Nadège, Nico, Laurie, Théo, Mel, Raph, Mich, Marion, Guitou, Corine, Alicia, et bien évidemment tous les autres.

16 commentaires sur « ALPSMAN XTREM TRIATHLON : « Quand l’impossible devient possible… » »

  • C’est bon … je pleure ! 😭 Tellement beau de voir que tu es allé plus qu’au bout de toi même ! Voir que les amis sont là pour t’encourager ! C’est impressionnant, tu peux être fier de toi ! On est fiers de toi avec pipou, on aurait vraiment aimé partager ce moment avec vous mais y’en aura d’autres, je n’en doute pas 😉
    Bisous champion 🍾🏆

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  • Tout simplement magique !!! Ça donne la chair de poule et envie de s’inscrire 😂😂! Tu as raison quand je t’ai vu je donne pas cher de ta peau mais ton mental a toute épreuve à eu raison de toi !!! Bravo mec et désolé de ne pas avoir été en haut pour t’attendre mais au resto pour les 30 ans de mon frero 😘

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  • Seb tu es vraiment une machine. Je suis plus que très très fière de toi. Ton récit est parfait et on s’est régalé toute le journée à t’encourager. Tu es épatant. A cause de ton récit je me couche à 00h14 un soir de semaine… Merci…
    Encore félicitations. On remet ca quand ???😋

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  • Hello, je voulais faire un petit break lecture au bureau, je me suis laissée embarquer par ton récit pour une vraie pause. Je suis admirative ! Bravo pour ta course et tu as vraiment des amis top ! Félicitations !

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  • Je me suis inscrit pour cette année 2020 :
    Je suis exactement comme toi, un sacré gabarit pas adapté à la montagne, et sonner la cloche me parait impossible, avec tous les calculs que je fais, je me dis que ce n’est pas possible, mais comme toi, je me dis qu’avec de l’entrainement et un « et s’il y avait une chance » … Ton récit sera une force supplémentaire pour moi quand je le ferai.
    Bravo , impressionnante la vitesse de ta course à pied aussi ! Felicitations encore !

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    • Merci pour ton message !
      Bon courage à toi pour l’édition 2020 ! L’Alpsman reste mon plus beau souvenir de course encore à ce jour, tu vas t’éclater !
      Peu importe le résultat, que tu parviennes à sonner la coche ou non. Si tu as donné tout ce que tu avais durant ta prépa, tu n’auras rien à regretter et tu pourras être fier !
      Sois Fort ! 💪🏼

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  • Récit prenant et fantastique.
    On ressent toute l atmosphere de la course et ce que tu as pu vivre.
    Bravo!
    J ai une revanche à prendre sur la vie et j envisage de m inscrire pour 2021.
    Je pense que je vais lire et relire ton histoire pleine de bons conseils et d infos techniques majeures.
    Merci de nous avoir fait partager.
    Christophe

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