RACE ACROSS FRANCE 2500KM (edition 2021)

Contexte

Après m’être confronté à la distance 1100km en 2020, je n’avais qu’une seule envie. M’aligner sur la distance reine de 2500km et 33000m de Dénivelé positif. Un parcours hors nome qui relie Mandelieu la Napoule au Touquet en passant par le Ventoux, les plus beaux cols des Alpes et des monuments majeurs tels que le château de Chambord, le Mont Saint Michel et enfin les plages du débarquement.

Tout cela en Autonomie. Soit un vélo chargé et optimisé pour ce très long périple :

  • Moyeu dynamo pour pouvoir recharger en roulant les appareils électroniques (gps, telephone portable, frontale)
  • Sacoches avec vêtements techniques (pour affronter aussi bien la chaleur que le grand froid ou la pluie)
  • Bivy et coussin gonflable pour pouvoir dormir quand le sommeil devient trop insistant

Mais cette année 2021 ne ressemblera en rien à ma préparation de 2020…

2 événements auront complètement chamboulé ma vie à tout jamais.
Le premier étant la disparition brutale de ma maman en décembre dernier suite à un cancer fulgurant… Ainsi que la naissance de notre merveilleux fils, Louis. Tout cela en l’espace de 4 jours…

Au milieu de tout cela, je me retrouve complètement perdu. La vie doit néanmoins continuer et il faut que j’assume ce nouveau rôle de père en faisant le maximum pour rendre ma femme et mon fils heureux.

Je décide de tout de même d’être au départ de cette RAF 2021 pour plusieurs raisons. Pour ma santé mentale car j’en ressens le besoin, pour prouver à mon fils et lui raconter plus tard que son papa n’a pas perdu pied, et enfin pour rendre hommage à ma maman qui se sera battue jusqu’au bout.

Direction Mandelieu (ville de départ)

l’an dernier Karen m’avait accompagné et m’avait également rejoint à l’arrivée à Doussard ou terminait le 1100km.
Avec notre petit Louis d’à peine 7 mois, il est plus sage qu’elle reste à la maison cette année.

Je prends donc la route seul en direction de Mandelieu, accompagné par Patrice, le frère de Karen qui a eu la gentillesse de faire l’aller-retour avec son Van pour m’y conduire.

Quelques heures auparavant, je disais au revoir à ma femme et mon fils sur le trajet pour déposer Louis chez la Nounou.
Je ne peux retenir mon angoisse de devoir les quitter (c’est la première fois). Je fonds en larme. Pendant près de 10 jours je ne vais plus les voir et je redoute vraiment cet éloignement.

Arrivé à Mandelieu 24h avant mon départ officiel. Je prends le temps de préparer mes affaires et d’aller faire un petit tour au village de départ. Il n’est pas encore ouvert mais j’y croise quelques athlètes et notamment Clément Clisson (vainqueur du 2500km en 2020) ainsi que le vainqueur du 1100km de l’édition 2020. Nous échangeons quelques mots avant que je regagne mon logement pour me reposer un peu.

Nous sommes vendredi 23 juillet. J’ai très mal dormi car il faisait très chaud dans mon AirBnB. Je me rends au village dès l’ouverture à 9H. Je serai le premier à passer le check’in du vélo et la validation de l’inscription. Voilà une bonne chose de faite. Quelqu’un me tape sur l’épaule, c’est Arnaud Manzanini (l’organisateur et créateur de la Race Across France). Il me tend un maillot Rapha Blanc. Celui qui j’avais oublié un an auparavant sur l’une des base de vie à Saint Jean en Royans. Il l’a gardé précieusement afin de me le rendre (Toute propre qui plus est !) avant le départ de cette édition, merci beaucoup Arnaud !

Bien arrivé
USS63
Photo Pré-départ

Mes amis Marie et Damien arrivent sur place en fin de matiné. Ils sont inscrits sur le 500KM en duo. Ils ont la gentillesse de me laisser profiter de leur chambre d’hôtel (à l’Ibis du coin) jusqu’à mon départ à 22h24.

Nous trainons un peu au village. C’est là que je tombe sur Caro, Une amie « Voileuse » de longue date ! Après nos carrières respectives en voile, nous nous sommes tous les deux tournés vers le triathlon et aujourd’hui l’ultracyclisme. Nos parcours sportifs sont quasiment similaires, c’est fou que nos chemins se croisent de nouveau après tant d’années. Elles se lancera sur le 1100km qu’elle bouclera avec succès telle une guerrière ! (Je n’avais aucun doute sur sa capacité à aller au bout)

Un petite sieste de 2h à l’hôtel. Le temps me paraît long… Nous décidons de retourner au village pour ne pas trépigner dans la chambre. C’est là que nous tombons nez à nez avec Jean Lin (Spriet). L’an dernier Damien et moi avions rencontré Jean lin sur l’une des étapes du Tour de France randonneur qu’il avait réalisé avec Arnaud (Manzanini). Un super souvenir et une belle rencontre qui nous avait amené jusqu’au sommet du Ventoux tous les 4 au soleil couchant.
Il me décrit brièvement la seconde partie du 2500km que je ne connais absolument pas. Les info qu’il me donne sont précieuses. Je tacherai d’en retenir le maximum.

« Si tu traverses un mauvais moment, n’hésite pas à m’appeler d’accord ?  »
Je sais que ses mots sont sincères.
« Merci beaucoup Jean lin, je n’y manquerai pas »

JOUR 1 : QUE L’AVENTURE COMMENCE !

Il est 22H, me voila en attente proche de l’estrade de départ. Chaque athlète s’élance toutes les 1’30 » depuis la rampe de lancement (Tel un CLM du Tour de France).

Chargement de la trace GPS quelques minutes avant le start

Nous sommes 140 sur le 2500km. Le premier concurrent a pris le départ à 20H. Le mien est prévu à 22H24 , je suis donc dans le dernier tiers des partants.
Dans la file d’attente, je ne me sens pas trop stressé mais la fatigue est tout de même bien présente… Il faudra faire avec. Avec Louis, les nuits sont courtes et agitées depuis 7 mois mais ça fait parti du jeu.

Le concurrent qui partira juste après moi est Eric Leblacher, un ancien coureur pro de la FDJ qui s’est pris de passion pour l’ultra. (à vélo et en trail). Il a terminé 7 ème l’an dernier.
sur l’estrade de départ, le speacker plaisante avec moi. Il sait que l’an dernier, j’ai cassé mon vélo (dérailleur) au pied des Saisies pour finir avec un vélo de location avant de boucler le 1100km. J’ai l’impression que l’histoire a fait le tour de la communauté ^^

3, 2, 1… TOP !

C’est parti pour 2500km (Enfin j’espère).
Cette fois ci j’ai bien retenu la leçon. Ne pas se laisser envahir par l’euphorie du départ. L’an dernier j’étais parti (beaucoup) trop fort, ce qui m’avait valu d’arriver à Vénasque dans un sale état.
dès les premiers virages la fatigue me gagne. J’ai accumulé beaucoup trop de dettes de sommeil ces derniers mois, mais difficile de faire autrement. Je dois faire l’effort pour chasser cette sensation de mon esprit.

C’est un soir de pleine lune, on pourrait presque rouler sans phare. Cela fait à peine 5minutes que je suis parti et j’entends déjà la roue de quelqu’un qui approche dans mon dos. Une main se pose sur mon épaule : « Bonne route l’ami » C’est Eric Leblacher qui est déjà revenu sur moi. Il file et disparait dans la pénombre, avec seul son feux arrière encore visible pendant quelques centaines de mètres avant de prendre un grand virage. J’apprécie vraiment l’état d’esprit de ce grand coureur. Pour l’avoir entendu s’exprimer sur plusieurs podcasts, je trouve qu’il a un très bon fond et j’aime beaucoup sa manière de voir le sport.

J’apprendrai malheureusement quelques jours plus tard qu’il stoppera sa course à Doussard après une grosse insolation.

la route s’élève en direction de Grasse. Je ne compte même plus les coureurs qui m’ont déjà doublé (Peut-être une quinzaine). Je ne m’affole pas, je sais pertinemment que je suis de loin, l’un des moins bons cyclistes de cette aventure. Peu importe, je m’y étais préparé. Je compte essayer de me « refaire » en essayant de passer le plus de temps possible sur la selle, dormir le moins possible. De plus, on sait que ce genre de course constitue une vraie « sélection naturelle », il y aura des abondons, on peut en être sûre. Le tout est de ne pas en faire parti.

Voila encore 2 cyclistes qui passent… Bon… ça commence à bien faire. Je ne pensais pas me retrouver lâché si tôt dans la course. De toutes façon, je suis incapable d’accélérer sous peine de me griller.

Il est Minuit passé lorsqu’un cycliste tout de orange vêtu me dépasse à pleine vitesse « Bonne route »
C’est Clement Clisson, le vainqueur sortant (parti à 23H et déjà revenu sur moi). C’est un autre monde mais c’est beau à voir.
Il s’éloigne déterminé et concentré. Il sera malheureusement lui aussi contraint à l’abandon alors qui se battait pour la victoire face à l’italien Omar Di Felice.

Clement Clisson, Vainqueur de la RAF 2020

5h00 du matin, un concurrent arrive à ma hauteur. Sa vitesse paraît plus « modérée ». Je reconnais tout de suite Pierre Charles. Livreur à vélo Lyonnais dans la vie de tous les jours. Allez voir son kilomètrage annuel sur Strava… Vous risquez de prendre peur ! (Nous sommes début Aout et il est déjà à 40 000km ^^).
Je partage un bout de chemin avec lui, on échange sur le fait que tout le monde à l’air d’être parti très fort !
Lui, a déjà terminé 2 fois la RAF et sait qu’il ne faut pas se préoccuper des autres et faire son propre bout de chemin.

Nous roulons côte à côte pendant peut être un peu moins d’une heure. Il filera dans une descente avant que je ne le perde de vue.
Le jour se lève et j’ai réussi à repousser le sommeil, c’est une première victoire. Premier arrêt ravito à la station service de Puimasson, j’y retrouve Pierre Charles et d’autres concurrents en train d’attendre l’ouverture de la boutique. Certains sont en train de dormir sur le pas de la porte.
Exceptionnellement ils ouvriront la boutique plus tôt sous la pression des 5 ou 6 cyclistes que nous sommes, prêts à se jeter sur les pains au chocolats tels des zombies sur des humains.

Pierre Charles

Je ne traine pas, achète ce dont j’ai besoin et reprends la route. Je fais la connaissance de Christophe (Aubonnet) qui est l’un des fondateur de la marque HOKA ONE ONE. Un personnage très sympa et hyper intéressant, habitué des raids multisports. Il est beaucoup plus véloce que moi sur le plat, nos routes se séparent naturellement.

La journée avance et la chaleur pointe le bout de son nez. J’essaie de maitriser mon effort, mon alimentation et surtout mon hydratation. L’après midi le mercure s’affole, passé le magnifique village de Gordes, il fait 37 degrés. J’ai vraiment beaucoup de mal quand les fortes chaleurs sont là. J’ai beau essayé de me protéger, je finis toujours par en subir les conséquences… Cette journée ne sera pas une exception.

J’arrive à la première base de vie (Venasque au 300ème km) sur les coups de 14H.
La surprise est immense lorsque j’aperçois au loin mes amis Cedric, Marjorie et leur petit Timothée. La cerise sur la gâteau ? Karen est là avec sa maman et notre petit Louis. Moi qui pensais ne plus les revoir avant 10 jrs. Je suis le plus heureux du monde à cet instant précis. J’embrasse ma femme et mon fils.

Belle surprise à Vénasque : Cedric, Timothée, Mariati, Marjorie, Karen, Louis et moi

Je prends le temps de manger et boire en leur compagnie. La chaleur est accablante, je leur conseille de ne pas trainer pour ne pas que les petits bouts de choux souffrent du soleil. Après leur départ ,je décide de m’assoupir quelques minutes avant d’attaquer le Ventoux. J’ai déjà une nuit blanche dans les pattes et j’ai besoin de fermer un peu les yeux.
15 minutes plus tard le réveil sonne. J’ai la bouche sèche et la gueule en feu. Je me sens encore plus fatigué qu’il y a quelques minutes. Tant pis, cette sieste n’aura pas été réparatrice, il faut que je reprenne la route.
Les visages de ma femme et mon fils me reviennent. Je craque une nouvelle fois sur mon vélo.

Le calvaire commence dès les premières pentes du Ventoux… Jusqu’à 44 degrés au compteur. Mon ascension est laborieuse. Pour la première fois, je poserai pied à terre dans le Ventoux (au moins à 4 reprise !) Je n’avance plus… Il me faut redoubler d’effort pour ne pas m’arrêter une nouvelle fois jusqu’au Chalet Reynard. Mes amies Manu et Laurène sont venus m’encourager. Leur présence me fait du bien car je suis éreinté. Pizza, Badoit et hop il faut que ça reparte. « T’as fait le plus dur » me dit Manu. « Maintenant tu grimpes à ton rythme jusqu’au sommet, ça va le faire ».

Avec Manu et Laurène, mes sauveurs du Chalet Reynard

Je les remercie pour leur présence et reprends la route direction le sommet.
le fond de l’air est un peu plus frais grâce à l’altitude. Je ne suis pas très véloce mais je parviens à me hisser jusqu’au sommet sans encombre.
J’entame la bascule vers la longue descente qui mène à Malaucène. Il n’est que 21h mais vu mon état, il vaut mieux que je dorme pour essayer de reprendre des forces, la course est encore très très longue et ce n’est pas encore le moment de jouer les héros.

sommet du Ventoux (dans la douleur)


JOUR 2 : Il FAUT PASSER LA SECONDE

Il est 3H du matin lorsque je reprends la route (soit après une très grosse nuit de 6h). A mon réveil, je ne peux m’empêcher de jeter un coup d’oeil sur le classement en live via l’application Soluchrono. Je suis 115ème … La vache… Je savais que je serais loin mais là… C’est la douche froide. Je compte bien sortir une grosse journée pour essayer de me refaire.

Le visage déjà bien marqué !

Cette partie du parcours m’avait plutôt bien réussi l’an dernier. J’avance bien mais je ne croise aucun participant du 2500km. A l’approche de Crest, je m’arrête acheter à manger quand je croise un concurrent en sens inverse en train de redescendre une côte.
« J’abandonne je suis crevé » me dit-il.
« Moi aussi je suis crevé, mais l’expérience me fait dire que la forme finira par revenir et il est bien trop tôt pour baisser les bras. Même si l’on est décrochés des autres, la course ne fait que commencer » voila ce que je lui réponds tout en engloutissant mon sandwich.
Je le sens un peu étonné par ma réaction. Il finit par attraper son téléphone et appeler (je suppose) un membre de sa famille. « Ne venez pas me chercher, je continue »
Je pourrai au moins me féliciter d’avoir fait changer d’avis un gars qui voulait abandonner. Il reprend la route à mes cotés. Pour quelqu’un qui voulait abandonner, je le trouve plutôt rapide ^^

Nous nous faisons rattraper par Rémy, Un Avignonnais qui me connait via les réseaux. Il est en course sur le 500Km qui se termine à ST JEAN en ROYANS dans le Vercors. Nous partageons la route pendant quelques temps. Il finira brillamment son parcours avec un joli chrono à la clé (Encore bravo à toi Rémy !)

Je me retrouve de nouveau seul lorsque j’attaque le premier col du Vercors. Le col de Rousset. Il fait très chaud mais je monte à bon rythme. Je croise Stéphane puis Maxime qui lui est aligné sur le 1100km. Il me raconte ses problèmes de GPS qui l’ont contraint à faire un détour et se rajouter quelques km. Etant beaucoup beaucoup plus rapide que moi, il file à toute vitesse jusqu’à la base de vie de ST JEAN.

Dans le col de Rousset avec Max

Vous vous dites certainement que pour l’instant je n’ai croisé que des personnes qui m’ont doublé !? Et bien je vais vous ôter le doute : OUI C’EST BIEN LE CAS ^^

Me voilà arrivée à la seconde base de vie, ST JEAN EN ROYANS. Au 550ème km. Je décide de faire un bref arrêt afin de prendre une douche et ainsi repartir avec la sensation d’être « tout neuf ». J’ai bien l’intention d’avancer au maximum aujourd’hui malgré la chaleur toujours bien présente. Le passage dans les gorges de la Bourne est comparable à une vraie fournaise. Il faut ensuite enchainer une succession de petite bosses avant d’attaquer une longue descente vers Grenoble. Sans surprise, à Grenoble la sensation de chaleur est encore pire. Je ne m’y attarde pas et essaie de traverser la ville le plus rapidement possible en direction de Bourg-d’Oisans.
Dans les longues lignes droite qui m’y mènent, je retrouve une ancienne connaissance de la RAF 2020, Arnaud (Selukov). Il est de nouveau cette année sur le 1100km et est en train de réaliser une belle performance. Nous passons un court instant à échanger sur nos sensations et évoquons quelques souvenirs.

Avec Arnaud (réunion des anciens RAFeurs 2020)

Arrivé à Bourg D’Oisans la plupart des coureurs à proximité choisissent de s’arrêter acheter à manger. Il est aux alentours de 21H30. Je décide de pousser pour attaquer le premier col des Alpes, L’Alpe d’Huez. La nuit s’empare de la montagne tandis que je progresse doucement vers le sommet, à travers ses célèbres 21 virages. La fatigue est bien présente mais je compte bien aller jusqu’au sommet avant de dormir un peu.

Il est presque minuit lorsque je touche au but. Se termine une journée de 21h passées sur la selle. Le contrat est rempli.

Avant d’attaquer l’Alpe d’Huez

JOUR 3 : VERS « LE TOIT » DE LA RAF

J’ai dormi 3h30 dans un petit hôtel de l’Alpe d’huez. Ma journée d’hier à payé. Je suis désormais remonté à la 60ème place au classement.
jusqu’a maintenant mes nuits ne sont pas réparatrices… Je ne sais même pas si je dors réellement. Je suis exténué, le visage toujours en feu et les yeux injectés de sang. Les messages que je reçois sur instagram en sont la preuve. Tout le monde me dit que j’ai quand même « une sale tête ». Je ne m’inquiète pas plus que ça. Cela me parait logique au vu du peu de sommeil cumulé durant ces dernières 48h.

L’enchainement Col du Lautaret / Col du Galibier se passe sens encombre malgré une sensation de faim assez incommodante. L’arrêt boulangerie à la Grave au petit matin fut essentiel pour remettre de l’essence dans le moteur.

Descente du Galibier

Une très très longue descente jusqu’à Saint Michel de Maurienne. Il faut maintenant prendre la direction du pied du col de L’Iseran, plus haut col routier d’Europe (2 770m). C’est encore loin car il faut remonter toute la vallée en passant par Modane, grimper un petit col qui mène à Aussins avant de redescendre par Val Cénis où se trouve une nouvelle base de vie.
Il est 16h et il fait encore très chaud. Petit stop chez « Up Guides » qui me reçoit comme un roi avec la possibilité d’acheter à manger. Idéal avant d’attaquer le plus gros morceau des Alpes. Je repars à la hâte afin d’être de passer le col avant qu’un orage éclate (prévu par la météo).

Je traverse un moment difficile. Je viens d’avoir Karen au téléphone qui m’apprend que notre petit Louis à contracté une infection pulmonaire. Je me sens coupable de ne pas être là pour l’épauler. Elle fond en larme et je ne peux m’empêcher de faire de même. A ce moment là je ne suis plus du tout dans la course. Je ne souhaite qu’une seule chose, rentrer pour m’occuper de ma famille. Karen se reprend, me dit de continuer ma course car les médecins ne semblaient pas plus inquiets que ça.
Je continue ma route à contre coeur, tout en essayant de regarder sur mon portale si un train peut vite me ramener à Marseille. Rien ne peut m’y conduire en moins de 24h. Je choisis d’avancer, je prendrai la décision de rentrer si l’état ne s’améliore pas. Emotionnellement cela devient trop lourd.
Karen m’envoie des vidéos de Louis en train de rire, cela me redonne du baume au coeur. Je sais qu’elle essaie de me rassurer pour que je n’abandonne pas. Je me dis que j’ai vraiment une femme formidable et que j’ai beaucoup de chance…

Me voilà au pied de l’Iseran. Le soleil est encore là mais un amas de nuages noires est bien visible au niveau du sommet. Je fais la connaissance de Thierry qui ira jusqu’au sommet à mes cotés. Nous grimpons au même rythme et ça me fait du bien d’échanger sur des sujets plus légers en sa compagnie.

Sommet du Col de L’Iseran avec Thierry

Nous atteignons le sommet en début de soirée , entourés d’une brume épaisse. Il fait froid et la pluie ne va pas tarder à tomber cela paraît inévitable. Le temps d’une petite photo, je m’équipe rapidement et c’est parti pour 50km de descente jusqu’a Bourg Saint Maurice où j’ai pu réserver un hôtel afin de dormir au sec ce soir.
Dès le premier km, une forte pluie s’abat sur moi. Entre la grêle et la pluie, je me fais fouetter le visage et cela devient difficile de garder les yeux ouverts. Un petit abris de fortune s’offre à moi. Je décide de m’y réfugier en espérant que cela se calme un peu.
5 minutes passent, cela ne semble pas s’améliorer. Je refuse de rester bloquer ici et décide de reprendre la route, je tacherai d’être prudent. Je descends en prenant soin de ne pas glisser dans les virages. J’entends un camion derrière moi qui ne semble pas décidé à me doubler. Pourtant je fais en sorte de lui laisser assez de place pour qu’il passe mais rien n’y fait. Deux virages plus bas le camion se met à ma hauteur, c’est en réalité Arnaud et une partie de son équipe. Quelle surprise ! Les voir ici me redonne le sourire. J’aurais droit à quelques jolies prises de vues durant cette descente mythique. Ils me suivront jusqu’à Val d’Isère.
La pluie commence à se calmer, je profite de cette belle descente qui semble ne plus en finir. Je trouve enfin mon hôtel après quelques galères. La personne qui m’accueille me propose un repas à emporter dans ma chambre. Cela semble plus que bienvenu ! Ce sera la seule et unique fois que je parviendrai à me coucher avec le ventre plein. Mon sommeil sera de bien meilleure qualité.

Il est 23H, l’heure de dormir un peu (après un peu moins de 20H passées sur le vélo)

Descente de l’Iseran sous la flotte
Bonne nuit

JOUR 4 : SORTIR DES ALPES RAPIDEMENT MAIS A QUEL PRIX…?

3h du matin, le réveil sonne, je suis encore bien fatigué.

Dans le Cormet de Roselend 3H30 du matin

Un coup d’oeil sur l’appli, j’ai encore gagné des places ! Je suis 53ème après ma belle journée d’hier. Cette bonne nouvelle m’aide à me remettre vite en action. J’attaque le col du Cormet de Roselend seul dans l’obscurité la plus totale. Le temps d’une longue introspection je rattrape Pascal Paineau qui vient de faire une sieste dans le col (il semblerait). 3ème participation à la RAF 2500km. J’écoute attentivement ce qu’il a à me dire sur la suite du parcours qui visiblement ne sera pas de tout repos. Il m’explique les raisons de son abandon l’an dernier. La seconde partie de cette RAF peut se montrer impitoyable.

Nous faisons la descente ensemble avant d’attaquer le fameux col des Saisies (où j’avais cassé mon dérailleur l’an dernier). Il s’arrête pour se découvrir, quant à moi je continue. Le Soleil se lève timidement derrière les nuages. C’est agréable, la température est idéale pour grimper, 14 degrés au compteur. Le sommet est presque là quand une boulangerie s’offre à moi. Je n’ai rien avalé depuis hier soir mise à part 2 pauvres barres qui restaient dans ma sacoche de cadre.

jets de lumière dans l’ascension du col des Saisies
Une tête de fatigué vous dites ??

C’est rassasié que j’amorce la descente qui mène à la vallée et rejoint Sallanches (Haute Savoie). Cette portion de route est très fréquentée. Il y a des bouchons et même si la route est large, il faut se montrer prudent notamment avec les camions qui déboulent à quelques centimètres de mon bras gauche.

Sur la route qui mène au pied du col de la Colombière, un homme d’un certain âge en vélo électrique se met à ma hauteur :
– « Vous vous rendez à la Colombière ? Attention ça grimpe fort, avec votre chargement vous risquez de ne pas parvenir à atteindre le sommet »
Je souris,
– « Ne vous inquiétez pas, je suis bientôt rendu à 1000km et c’est mon 7ème col des Alpes »
– « Ah… Bein bonne route alors  »
Je crois qu’il n’a pas bien compris, mais l’ascension commence et nos routes se séparent.
Il fait chaud mais j’ai ENFIN l’impression d’avoir de bonnes sensations. Je traverse un état de Flow et je compte bien en profiter. Les kilomètres défilent, je ne ressens plus la douleur. La fin de ce col est pourtant terrible, les 3 derniers km affichent 11% moyen. Je l’a passe pourtant sans encombre. Une première étape de cochée, ce col marque la fin des Alpes pour moi ! (Enfin… Presque)

Une glace avalée au sommet pour faire redescendre ma température. Direction le Lac d’Annecy. Il est 15H lorsque je pose pied à terre à la base de vie de Doussard. Une dernière opportunité de me changer pour affronter les prochains 1500km. Nouveau cuissard et surtout nouveau maillot. Celui de la RAF. J’ai volontairement gardé ce dernier pour le reste du voyage. Une motivation supplémentaire que d’avoir pour mission de l’emmener avec moi jusqu’à la ligne d’arrivée.

30′ de pause, je me lève de ma chaise, il est temps de repartir. Une bénévole avec qui je discute me confie qu’elle me trouve vraiment fatigué « Tu es sûre que ça va aller ? Tu ne veux pas dormir un peu ? »
Dormir en plein milieu de l’après midi me paraît contre-productif, je lui dis que je préfère pousser jusqu’à cette nuit afin d’avancer au maximum.

Maillot de la RAF revêtu

ça y’est j’ai basculé dans l’inconnu, je n’ai jamais dépassé les 1100km, c’est une autre course qui commence. La distance qui me sépare du Touquet me paraît encore immense (1500km), mais il ne faut pas y penser. Mieux vaut continuer de découper le parcours en plusieurs sous-objectifs afin de garder la motivation intacte.
La petite surprise du chef ? J’ai tout de même encore deux petits cols à passer avant de regagner le département de l’Ain. Le col de Leschaux (je le connais bien pour l’avoir gravi lors de l’Alpsman en 2018) ainsi que le col du Chat, annoncé comme court mais très difficile.

Le ciel se couvre et ce n’est pas pour me déplaire. Arrivé au sommet de Leschaux je tombe par hasard sur Axel Carrion (organisateur/créateur des courses Bikingman) et sa compagne qui ont l’air d’être en reconnaissance. Lui aussi m’alerte sur mon état car il me trouve très fatigué. Je n’y prête pas plus attention que ça. C’est pourtant la 3ème alerte que l’on me donne. De plus il a l’habitude de voir des athlètes en souffrance, j’aurais peut-être dû prendre un peu plus au sérieux ces remarques…

Je poursuis ma route direction d’Aix les Bains. Une averse me tombe dessus mais je l’accepte avec plaisir car j’ai toujours très très chaud. Le soleil se manifeste de nouveau à mon passage au Lac du Bourget. Le col du Chat débute brutalement avec une rampe à 15% sur une centaine de mètres. Je ne m’y attendais pas, je l’a passe en force pour ne pas être obligé de poser pied à terre. Cela me paraît interminable mais je finis par passer ce col aux alentours de 20H.

Deux bosses significatives apparaissent sur le profil. Je veux pousser jusqu’à Briord (Ain) afin de repartir serein en ayant passer les plus grosses difficultés de ce secteur. Je progresse au coeur de la nuit mais mon esprit divague. La température descend petit à petit, pourtant j’ai toujours cette impression de lutter contre la chaleur. Mon point de chute se trouve à Montagneu (juste au dessus de Briord à moins d’un km de la trace). Mon manque de lucidité me fait faire une énorme erreur, je sors de la trace au mauvais moment, ce qui m’oblige à passer une bosse à plus de 20%. Pour finalement me rendre compte que mon logement se trouve à « Bourges Montagneu » (et non à Montagneu). Je perds mon sang froid, je suis exténué et je n’ai plus assez de présence d’esprit pour réfléchir. Il est Minuit, deux jeunes errent sous un abri en bois, je les interpelle :
« Excusez-moi les gars, vous connaissez l’hôtel Rolland par hasard ?? »
« Oui oui c’est tout en bas, vous devez redescendre toute la route monsieur, c’est après le feu à droite »

Arrff put***

« Merci beaucoup les gars »
Ok, je dois me retaper tout ce que j’ai grimpé pour rien. Je suis hors de moi. Mais au moins je sais quelle direction prendre.
l’hôtel est là. Je boucle cette grosse journée avec une nouvelle fois 21h passées sur le vélo. Encore quelques places de gagnées au classement, mais cette fois-ci, mon corps ne me le pardonnera pas…

Je prends une douche rapide mais je sens que quelque chose ne va pas. Je ne tiens presque pas debout. le sol se dérobe sous mes pieds et je suis pris de nausées puis de vomissements.
Je panique, la course va s’arrêter là pour moi. Pourtant j’ai réussi à passer les Alpes… ça serait vraiment injuste de devoir « scratcher » maintenant après tous mes efforts et ma « remontada ».
Je ne parviens même plus à rester assis. Mon coeur s’emballe, je suis en nage. J’ai l’impression de courir un 100m qui n’en finit plus. L’heure passe, je suis toujours au plus mal. Je ne cesse de vomir. Je prends la décisions d’appeler les urgences car je ne trouve pas d’issue à cette situation.
On me passe le médecin des pompiers qui restera une bonne demi-heure avec moi au téléphone. Il me diagnostique une forte insolation (que je traîne sans doute depuis 3 jours) couplée à une fatigue extrême.

« Il vous faut du repos, couper votre effort, dormir et surtout boire uniquement des boisons isotoniques sur les deux prochains jours » plus une seule goutte d’eau claire « Il vous faut refaire votre stock de sel dans le corps »
Il sent bien dans mon discours que je n’ai pas l’intention d’abandonner, je cherche à lui faire dire que je peux continuer, car s’il m’envoie les pompiers, c’est ma RAF qui s’envole.
« Si vous voulez reprendre la route, reposez-vous d’abord, vous avez poussé le curseur trop loin, votre corps vous a lancé une alerte »

Très bien je ne repartirai pas comme prévu à 3H du matin, de toutes façon j’en suis incapable. Je ne mets pas de réveil et nous verrons bien ce qu’il en est dans quelques heures.
Je suis avachi dans mon lit, dans l’incapacité de bouger, en train de repenser à ce qui vient de se passer. C’est bien beau de vouloir doubler des gars plus rapides que moi en roulant plus longtemps qu’eux. Mais si c’est pour ne pas arriver au bout, ça n’a aucun intérêt.
Il va falloir se calmer. Aller au bout de l’aventure serait déjà quelque chose d’énorme qui me marquera à vie. Je ne dois pas gâcher bêtement mes chances d’y parvenir en essayant de me prendre pour quelqu’un d’autre. Je ne suis pas une machine.


JOUR 5 : TOMBER POUR MIEUX SE RELEVER

Je finis par m’endormir 2h plus tard. lorsque je réouvre les yeux, il est 5H30 du matin.

Mon état n’est pas flamboyant mais au moins je tiens debout. Je prends la décision de repartir mais avec comme ligne de conduite : Tout faire pour aller au bout et ne plus regarder le classement (du moins essayer ^^)

Heureusement la journée est plus fraîche, je remonte en direction de la Bourgogne. Je m’arrête à la première pharmacie d’ouverte pour acheter des pastilles de sels et de l’après soleil. Je suis absolument seul. Il est probable que mes concurrents directs se soient échappés en prenant la route beaucoup plus tôt que moi. Tant pis, je suis passé trop proche de la correctionnelle pour regretter quoi que ce soit. Je suis encore en course et c’est déjà un miracle.

La journée ressemblera à une succession de petites bosses casses pattes que je tente de gérer sans partir de nouveau à la surchauffe. Vers 12H je ressens un gros coup de fatigue. Je vais lutter jusqu’à 14H avant d’abdiquer et me poser sur un petit muret de pierre à l’ombre d’un arbre. Je fais l’expérience de ma première « power nap » en course. Une sieste programmée de 10′. Aussitôt allongé, aussitôt endormi. L’alarme de mon téléphone sonne 10 minutes plus tard. Je suis encore dans les vapes quand je remonte sur mon vélo. Pour autant, cette micro sieste semble avoir eu un effet bénéfique sur moi. La fatigue est moins accablante, je me sens de nouveau prêt à avaler les kilomètres.

Mon spot de « Power nap »

En fin d’après-midi, une camionnette se rapproche de moi en klaxonnant. C’est l’équipe media de la RAF. Ils me demandent si les jambes vont bien. Je leur raconte brièvement ma mésaventure de cette nuit mais j’ai plutôt envie de me montrer positif.
– « ça fait plaisir de vous voir ! Je suis seul depuis presque 48H »
– « C’est vrai !? Alors on va rester un peu avec toi pour prendre quelques images si ça te va ? »

Si ça me va ? Evidement que oui ^^

Merci la team Media 😉

Ils passeront 30 minutes à tourner autour de moi, ça me permet de penser le temps et de penser à autre chose sur ces longues lignes droites avec ces bosses à répétition.
J’ai pris la décision de m’arrêter dormir au petit village de Decize sous les conseils de mon ami Cedric. Nevers aurait été l’idéal mais il faudrait que je roule jusqu’à minuit et je me sens encore trop faible.

Je termine cette journée par une dernière longue ligne droite de 20km, parfaitement plate qui me mène jusqu’au bord de la Loire.

Golden hour

JOUR 6 : VENT DE FACE ET LIGNES DROITES INTERMINABLES

4h00, il est temps de débuter une nouvelle journée.
Je prends la direction de Nevers, malheureusement j’y passe un peu trop tôt pour pour attraper une boulangerie d’ouverte. Il me faudra attendre un peu avant de me remplir le ventre. La lumière du jour se montre à peine lorsque j’aperçois une pancarte posée au bord de la route « Bonne route au participants de la RAF » Je fais demi-tour et immortalise un selfie à coté de la pancarte ^^

Supporter de la RAF ^^
Ravito de qualité

Je longe la Loire en direction de l’Ouest. le paysage est un peu redondant. Quand le GPS annonce la prochaine intersection dans 20km, le temps s’égraine lentement… (surtout quand c’est en réalité un rond point qui nous fait continuer encore tout droit).

Un cycliste roulant en sens inverse m’interpelle « Seb ! Oh Séb !! ». Il fait demi-tour et revient à ma hauteur. C’est Andréa, il suit mon aventure via Instagram. Il prend quelques photos et nous partageons un bout de chemin ensemble. Sa rencontre tombe bien, je commençais à trouver le temps long. Un quart d’heure plus tard il reprendra sa route vers sa sortie longue du jour.

photo by Andréa

J’essaie de trouver un objectif à court terme en explorant la trace via mon téléphone. Le château de Chambord comme point de mire sera parfait. J’y serai en fin d’après midi si tout va bien. J’avance, encore et encore sur ces longues lignes droites. Cela pourrait presque être agréable si je n’avais pas un horrible vent de face qui me contraint à ne pas dépasser les 20km/h…
Malheureusement, d’après les prévisions météo il m’accompagnera jusqu’au Mont saint Michel (jusqu’à demain au minimum)
Je suis lent, la lassitude s’installe et la fatigue refait son apparition. Je n’ai pas la force de lutter, d’autant qu’une douleur au dessus de mon genou gauche a fait son apparition. Le quadriceps me fait souffrir mais pour l’instant ça tient encore…

Un abri bus de fortune se présente à moi. Je suis sur une départementale à fort trafic mais tant pis, cela fera l’affaire.
10 minutes de sieste et hop’ ça repart ! Le bruit des voitures passant à toute vitesse ne m’a même pas dérangé.

Micro sieste (abri de luxe)

De nouveau en selle. Le moral est un peu revenu et je suis de nouveau prêt à affronter cette perpendiculaire de l’enfer qui nous fait traverser la France d’Est en Ouest.

Photo de touriste devant le château de Chambord (rien que pour moi)
En début de soirée j’atteins la ville de Blois dans le Loire-et-Cher. La traversée de cette ville me fait affronter des côtes dont l’image est encore gravée dans ma tête. Je n’ai plus de jambes. Mon quadriceps me fait de plus en plus souffrir et la douleur s’accentue à chaque fois que je me mets en danseuse.

Château de Chambord #Tourist

Le vent se calme peu à peu et la route devient plus docile. J’ai pour objectif d’atteindre la Sarthe cette nuit mais je suis encore loin. La faim me ronge, et l’hypoglycémie tape à ma porte. Je n’ai pas bien géré mon dernier arrêt ravito avant la nuit. Je n’ai plus rien à manger alors qu’il me reste encore 4h d’effort à minima.
Miracle ! Je tombe sur l’un de ces distributeurs de pizza 24h/24. Ma première expérience en la matière ^^
Je sélectionne une « royale » . 3 minutes plus tard, un pizza bien chaude sort de la machine. Je l’engloutis en moins de 5 minutes.

Cela devrait me permettre de tenir jusqu’à ma prochaine destination. Il fait nuit noire mais les étoiles scintillent fortement. Une centaine de mètres devant moi, un phare m’aveugle. Il semblerait que cela soit un vélo. A ma grande surprise je reconnais Simon (Barret) !
Un autre pote de la RAF 2020. Il m’avait prévenu avant la course qu’il essaierait de faire un bout de chemin avec moi car la trace passe proche de chez ses parents. J’avais complètement oublié ce détail et surtout je ne pensais pas qu’il se joindrait à moi en plein milieu de la nuit ^^

C’est vraiment cool de rouler à ses cotés. Mon calvaire de fin de journée se transforme en Blabla Ride. On parle vélo bien évidemment et le temps passe vite (Merci encore à toi Simon).

– « J’ai prévu de dormir à la Lude, tu sais si j’en encore pour longtemps ? »
–  » Non tu y es presque »

Avec Simon !

Simon me quitte quelques kilomètres avant que j’atteigne mon but. Arrivé sur place je me trompe d’hôtel. Cela témoigne bien de ma lucidité quasi nulle après cette journée si difficile pour le mental.

La Lude, Il est 1H du matin, j’aurais finalement roulé 21H sur cette 6ème journée

JOUR 7 : « LA TORTURE INTERROGE ET LA DOULEUR REPOND » (François Raynouard »)


4h30 du matin, la nuit a été courte mais je commence à entrevoir l’éventuel succès de cette aventure. Je m’autorise à rêver de ce statut de Finisher de la RAF 2500. Il est peut être encore trop tôt pour crier victoire… D’autant que mes vieux démons ressurgissent. Après mes deux belles dernières journées je n’ai pas pu m’empêcher de checker le classement. J’ai intégré le top 50 ! Et je compte bien m’y installer.

Je n’ai pas beaucoup de souvenirs de cette journée. C’est certainement dû au fait que j’ai passé mon temps à lutter contre la douleur insoutenable causée par ma jambe gauche.
Chaque côte, aussi courte qu’elle soit, se transforme en une véritable épreuve de résistance à la souffrance. Le vent quant à lui oscille entre une poussée à 90 degrés ou 3/4 face. Il faut rajouter à cet « Ultra cocktail » la fatigue qui a atteint un niveau ultime.

Le Mont St Michel se dresse devant moi sur les coups de 17H. Le vent souffle très fort. Je suis littéralement épuisé par cette bataille contre la douleur et les éléments. Je me jète dans l’herbe sur le bas coté d’une petite route qui longe la Manche.
10′ de sieste dans mon Bivy car je suis en plein vent.

Bon…C’est le Mont St Michel en fond mais on voit pas bien ^^
Sieste dans mon Bivy à l’abri du vent

Ma jambe bénéficie d’un peu de répit mais celui-ci n’est que de courte durée. Revoilà la douleur qui se manifeste dès les premiers coups de pédales. Une portion de route vent de le dos me fait le plus grand bien. J’arrête presque de pédaler par moment.
J’ai régulièrement Gwen et Coco au téléphone qui prennent de mes nouvelles et m’encouragent à tenir bon. De même pour toutes les personnes qui réagissent à mes stories sur les réseaux. Tout le monde est derrière moi, que ce soit les amis, la famille et les autres.
Jean Lin me sent en difficulté et m’envoie par message de plus en plus régulièrement des infos sur l’itinéraire à court terme.

Il n’y a aucun logement de disponible sur la route à venir. La seule solution qui s’offre à moi et de dormir à Isigny-sur-mer ce soir (Calvados).
Mais cela nécessite de rouler longtemps, encore très longtemps alors que ma jambe gauche me contraint à me tortiller dans tous les sens pour compenser en appuyant tout mon poids sur ma jambe droite.

Je ne posterai plus rien sur les réseaux de 18h à 23h30. Je suis focus sur mon objectif. Je dois avancer coûte que coûte et j’ai besoin de focaliser toute mon énergie et mon mental sur l’effort que je suis en train de produire.

Isigny-sur-Mer : Minuit pile. Je serre le poing presque en signe de victoire devant mon hôtel.
Je boîte jusqu’à mon lit avant de m’assoupir quelques instants.

19H30 de souffrance ultime passées sur le vélo pour ce 7ème jour.

Bien arrivé à Isigny

JOUR 8 : FINISHER AVEC LA MANIERE, OU RIEN !

Malgré ma vitesse considérablement réduite par ma douleur, j’ai réussi à maintenir ma position dans le classement. J’entame donc (je l’espère) ma dernière journée de bataille sur mon vélo. Celle qui devrait me conduire au Graal.

il est 4h30 du matin. J’ai repéré une machine à sandwich avant d’arriver à l’hôtel cette nuit. Un panini dans ma besace et c’est parti.
370 km me sépare de la ligne d’arrivée.
Les messages fusent sur les réseaux : « C’est top t’es bientôt arrivé !! » , « Tu y es presque !! »
Euhh non, je suis encore loin et tout peut encore arriver ! (surtout au vu de mon état)

Un panini et la journée peut commencer
Plages du débarquement

Je me trouve sur les plages du débarquement au soleil levant. Le paysage est magnifique et me fait l’espace d’un instant, oublier mes douleurs.
Courseulle-sur-Mer, km 2157. Je passe devant la maison des parents de mon pote « voileu » Olivier (Lalance). ça fait plusieurs années que l’on ne sait pas croisé. Il m’avait prévenu qu’il se mettrait sur la trace à mon passage. Je m’arrête un instant pour le remercier d’être là.

Avec Oliv’

Il m’annonce 20km de plat à suivre. C’est une bonne nouvelle pour ma jambe. Il est 10h et j’ai besoin de m’arrêter pour faire le plein de boisson isotonique. Je trouve un petit Carrefour Market sur la route. Je prends soin d’attacher mon vélo avec mon petit cadenas car il y pas mal de passage et je n’ai pas de visibilité sur mon bike.
Blague du jour : Le code ne fonctionne plus… Le cadenas reste verrouillé et je me retrouve comme un c** à coté de mon vélo solidement attaché à une borne.
Pas de pince en vente dans le supermarché… Par chance j’ai avec moi un coupe ongle qui me sert à découper le chatterton (ruban adhésif) qui fixe le cable de mon phare dynamo. C’est loin d’être l’arme du siècle mais le fil du cadenas n’est pas épais, ça devrait faire l’affaire. Je me retrouve donc à vandaliser mon propre vélo avec mon tout petit ciseaux !

Il me faudra pas moins de 10′ pour y parvenir tout de même.

J’ai demandé au chien de m’aider à ronger le cadenas

Cet épisode épique derrière moi, je reprends la route direction le pont de Normandie.
les rafales de vent sur le pont se mêlent à l’aspiration des camions qui passent à toute vitesse à moins d’un mètre de moi. Virage à droite toute, le vent est de nouveau dans le dos. Mais je sais que des méchantes bosses m’attendent dans très peu de temps. La jambe tient le coup pour le moment mais je suis sur un fil.
J’essaie de rester concentrer pour ne pas faire de mauvais geste. la douleur est là mais elle est encore soutenable.

Pont de Normandie

15h, le sommeil me gagne mais je ne trouve pas de spot adéquat pour m’arrêter, je préfère continuer. Les routes sur lesquelles je me trouve sont peu fréquentées, je suis entouré de champs.
J’ai les yeux rivés sur le classement. Devant tout est joué et l’avance avec mes poursuivants semble être confortable. Si je passe la ligne ainsi je serai tellement fier. J’ai à peine le temps de rêver quand soudainement une douleur semblable à un coup de poignard dans la jambe me fait pousser un gémissement.
Je suis à 120 km de l’arrivée, il est 20H, ma jambe ne répond plus. Même les portions plates me font horriblement souffrir. Il me reste environ 6h à tenir et je ne vois absolument pas comment je vais faire pour rallier l’arrivée.

Il faut pourtant que j’y arrive !
J’entame une guerre terrible contre moi-même. Petit à petit mon avance sur mes poursuivants fond comme neige au soleil. Je suis à portée de tir de 3 concurrents derrière moi. Cela peut paraître absolument ridicule, mais me faire dépasser en étant aussi proche de l’arrivée constituerait pour moi un véritable échec. Je n’y peux rien, c’est ce qui m’anime. Je ne souhaite absolument pas franchir la ligne d’arrivée avec un sentiment de déception alors que je viens de parcourir 2500km !

Je décide de me battre pour conserver ma place, peu importe les conséquences. J’entame un fractionné, 5 minutes à fond, 1 minute de récup’ pour ma jambe. Chaque kilomètre me parait interminable. J’ai régulièrement Karen, Damien, Jean lin et Gwen par message. Tout le monde me conseille de me concentrer sur l’arrivée et d’oublier le classement. Mais c’est plus fort que moi, je ne peux m’y résoudre.

Jean lin me demande comment je me sens par message vocal. Je lui réponds que mon corps a lâché mais que ma tête est toujours là.
il est 22H mon avance s’est considérablement réduite, Seulement 10km me séparent du concurrent juste derrière moi. Cela peut paraître conséquent mais il reste encore 70Km et il semble être bien plus véloce que moi !
Je redouble d’effort pour essayer de maintenir l’écart. Jean lin continue de m’annoncer les prochains villages, cela m’aide énormément pour continuer de pousser la machine.
Damien m’annonce les écarts, il connait bien mon esprit de compétition et sait que cela me tient à coeur. Il restera éveillé jusqu’au bout de la nuit pour suivre cet ultime combat.

Pendant la bataille

Nous passons dans une zone ou les GPS émettent mal, les positions des concurrents (la mienne y compris) ne se rafraîchissent plus sur l’application. Je panique car je sais que je suis en train de me faire reprendre. La vitesse qui s’affiche sur mon compteur est loin d’être rassurante. Je ne parviens même plus à limiter la casse.

Les GPS re-fonctionnent, le verdict tombe. Le premier des poursuivants est à moins de 8′ derrière moi !
Je vrille complètement dans ma tête. Je ne sais pas si c’est la douleur démesurée de ma jambe mélangée à ma fatigue mentale, mais ce finish est en train de me rendre dingue !

Hors de question de baisser les armes, je me lève sur mes pédales et appuie de toutes mes forces sur ma jambe mortifiée. La douleur atteint un stade jamais franchi auparavant. Je hurle à tue-tête , seul dans la nuit profonde.
Lancé comme pour un chrono du Tour de France qui s’apprête à durer 30km. Je relance à chaque virage. Couché sur mon vélo dans les lignes droite. Je suis comme qui dirait « dans la zone ». Je n’ai même pas pris le temps d’enlever ma grosse veste par peur de me faire doubler bêtement, je suis en nage.

à 15km de l’arrivée, je suis à bout de force, J’écris même à Karen que c’est fichu, je suis en train de craquer. Elle me demande de tenir bon.
Je vais chercher au fond de moi de nouvelles ressources (pour la millième fois depuis le début de cette course)
10km, le premier panneau indiquant : LE TOUQUET
8km
6km
3km, je me retourne, aucun phare à l’horizon
1km, Je vais le faire, je vais le faire !!!!!!

J’aperçois au loin sous les projecteurs, la ligne d’arrivée.
Je l’a franchi, je freine, m’écroule sur mes prolongateurs, les battements du coeur jusque dans les oreilles.

Arnaud me félicite, un immense sentiment de fierté domine à ce moment précis.
(3 min plus tard, le premier poursuivant franchira la ligne… ça ne s’est pas joué à grand chose)

J’ai tenu bon, malgré tous les obstacles rencontrés,

Il est 1h35 du matin, je suis FINISHER DE LA RACE ACROSS FRANCE 2500KM

En 8 jrs 3h et 6 min
43ème sur 110 concurrents (70 finishers)

Jean lin débarque sur la ligne d’arrivée et m’étreint pour me féliciter. Je lui raconte ma fin de course épique. Nous échangeons pendant de longues minutes avant qu’il ne me propose de boire un coup ensemble demain pour fêter ça. J’accepte avec grand plaisir.

Michel Desjoyeaux à un jour déclaré que le Vendée Globe « c’est une emmerde par jour ». Toute proportion gardée, on peut dire que la RAF c’est 1000 emmerdes par jour, Il faut parfois les gérer, parfois les subir. L’important c’est qu’à la fin, on soit fier du chemin parcouru.

Sur la totalité de la course, je n’aurais doublé absolument aucun concurrent en étant sur le vélo. Toutes les places que j’ai gagné sont le fruit de mon temps passé sur la selle (moins d’arrêt, moins de sommeil). Une belle satisfaction à mon humble niveau.

Un immense merci à vous tous pour m’avoir supporté et encouragé quotidiennement pendant cette longue semaine.
Vous êtes ma force

Merci Arnaud, Merci la RAF

Sebrunnride

FINISHER DE LA RAF 2500KM

Jo

22 commentaires sur « RACE ACROSS FRANCE 2500KM (edition 2021) »

  • Fabuleux ton récit ! J’ai souffert depuis Doussart du syndrome de la tête qui tombe. J’ai passé la moitié du temps le coude droit en appui sur le support de prolongateur et la pomme de main sous le menton. Les 100 derniers km furent Interminables pour moi.

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  • Félicitations Seb ! Un très beau récit. C’est un beau cadeau de nous faire profiter de tous ces détails après avoir suivi le « live » Instagram. Tu as été impressionnant de courage, de ténacité, de capacité physique et de résilience. Ta famille peut être fière de toi et à la lecture de ce récit, et un jour ton fils aura les yeux qui brillent. C’est une belle leçon de vie que seuls les sports d’endurance peuvent délivrer. Je suis admiratif de ta résistance à la douleur de ton quadriceps. Pour avoir fait un semi avec le plateau tibial fracturé après une première moitié de marathon trop rapide et mal préparé, je mesure ce que tu as enduré sur des centaines de kilomètres. Mais quelle satisfaction de terminer malgré tout. Moi aussi je voulais ramener à mon fils la médaille de finisher que je lui avais promis. Les enfants sont un véritable réservoir de ressources mentales !! (Et pas uniquement pendant les epreuves sportives 😉) Au plaisir de déjeuner avec toi pour échanger sur ton succès. Bises

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      • Bravo pour ta préf et super CR. , on si croirait, j’ai envie de me lancer sur un ultra comme ça , mais à 57 ans es raisonnable ?? Pourtant l’envie et la …
        En tout les cas tu m’auras bien fait vibré.
        Tu peux être fière de toi .
        👏👏👏

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    • Merci ☺️
      Non aucune des nuits n’étaient prévues à l’avance. Je faisais un point chaque jours aux alentours des 18h. Ça me permettait d’estimer mon point de chute avec une projection 6h plus tard à peu près

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      • Hello,
        Du coup tu avais repéré les hôtels sur le parcours avant le départ ?
        Comment choisissais tu la nuit en hôtel ou à la belle étoile ?
        Resa hôtel via booking.com ou autres ?

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    • non je n’avais rien repéré à l’avance car avec Air BnB ou les différents hôtels référencés sur Google c’etait assez simple de trouver.
      Le plan initial c’était de dormir dehors si j’estimais que l’endroit où je me trouvais (au moment du coup de fatigue) était suffisamment à l’abri et au calme.
      Après Il ne faut pas négliger les bienfaits d’une douche à l’hôtel qui peut permettre de repartir « propre » dans un cuissard utilisé depuis plusieurs jours ^^

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    • Salut seb,
      Tres beau recit qui donne envie de participer a la prochaine édition !
      Avec combien d’heures d’entraînement t’es tu lancé sur la RAF ? Merci pour ton retour
      Sportivement
      Stéphane

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      • Merci Stéphane ☺️
        A peu près 400h depuis le mois de janvier (8000km) mais il faut également prendre en compte le dénivelé réalisé.

        Avec un bon entraînement tu peux sans aucun doute t’aligner sur la Raf 😉

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  • Bravo et encore bravo. Adepte de pignon fixe à 52 ans, j’ai suivi uniquement Omar Di Felice et ai eu la chance de le croiser non loin de chez moi entre la Nièvre et le Cher. Et c’est en lisant ton superbe récit que mon attention se porte sur ton exploit. Qu’importe le niveau de chacun, le classement final, la RAF 2500 terminée reste une Grande Victoire sur soi même, une aventure humaine d’exception. Bravo encore pour ce puissant périple et ce récit, ce partage passionnant de ta course. Daniel Kmiec.
    Grand Respect vers toi.

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    • Merci beaucoup Daniel 🙏
      Effectivement sur ce genre de course chacun vit sa propre aventure, du premier au dernier. C’est ce qui caractérise l’ultra et le rend si passionnant. Le fait également de savoir que l’on prend le départ aux côtés d’anciens pro comme Omar est aussi une façon de partager un souvenir avec eux 😉

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  • Bravo Seb, je viens de lire ton CR
    Au travers de celui-ci je constate toute ta souffrance , ton courage ton mental , et ce n’est pas peu dire pour arriver à finir ce challenge. Chapeau Seb ma fille mon petit fils et moi même peuvent etre fier de toi. Bises à bientôt.

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  • Bonjour Seb,
    Je viens de lire tes deux CR sur la RAF. Félicitations et respects pour ces performances d’ultra cyclisme.
    Chapeau bas pour le courage et le mental pour aller aussi loin dans la souffrance.
    La famille, les amis et quelques bonnes paroles font aussi partis de cette réussite.
    Cette année, je suis tenté par la RAF 2500, après avoir traversé la France (Thionville -> St Mitres les Remparts) en 2020 et un tour de France l’année dernière.
    J’ai une question matériel à te poser,
    Quelle modèle de moyeux dynamo as tu utilisé et sur quelle modèle de jante est elle montée.
    Merci pour ta réponse et bonne continuation dans les défis sortanr de l’ordinaire.
    Albert

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    • Merci pour ton message Albert 🙂

      J’ai un moyeu Dynamo de la marque SON
      Monté sur une roue carbone HUNT

      Ils vendent des roues complètes déjà équipé de moyeux Dynamo. Une vraie référence sur le marché 😉 je n’ai jamais eu aucun problème

      N’hésite pas si je peux t’aider

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  • Bonjour Seb,
    Je suis parti en 2019, faire la diagonale des fous avec un genou en vrac suite à une chute ds les Pyrénées juste 1 mois avant…et je l’ai fini en 53h malgré tout
    Je sais que ce que nous faisons est fou mais il y a des hommes fou avec un mental hors norme, ton odyssée est superbe. Cela n’a peut être aucun intérêt d’aller aussi loin pour bcp mais j’aime à dire que le panache c’est beau ! Tu n’en n’a pas manqué, et du courage évidemment ! Bravo !! Respect et garde à l’esprit qu’on est pour autant pas invincible. Continue tes aventures longtemps en préservant ta famille et toi !
    Bon vent

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    • Merci pour ton message et un grand bravo pour ta résilience également ☺️
      Ce genre d’aventures m’amènent à me sentir vivant. Pour autant je m’efforce de constamment mesurer les risques pour ne pas que cela s’arrête 😉 il faut trouver le bon équilibre

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